Éric Besnard a décidé de réaliser des films qui parlent des grandes réussites de la France pour mieux les défendre. Ce film raconte la naissance de l’école publique dans le milieu paysannerie. Du choc de la modernité des lois face aux traditions tenaces. Nous sommes sous la 3ème république aux alentours des années 1885. La loi décide de l’obligation et de la gratuité de l’enseignement primaire, reste à convaincre les familles du bien fondé de cette décision. C’est le rôle des édiles, instituteurs ou institutrices à partir de 1886. Alexandra Lamy interprète un rôle qui lui convient parfaitement, autoritaire et appliqué sans trop d’exubérance. Gregory Gadebois joue le rôle du maire, un rôle sur mesure puisqu’il était déjà choisi dès l’écriture du scénario. Le film ajoute un aspect féministe au rôle de l’institutrice sans que cela perturbe la bonne tenue du scénario. Il est particulièrement notable que toutes les images soient tournées en milieu naturel. Éric Besnard choisit scrupuleusement ses endroits par repérage, il n’y a aucune image en studio. Il y a bien sûr des oppositions et des personnalités fortes qui s’affrontent. Ces moments sont traduits fidèlement. Il faut louer le travail d’Éric Besnard pour nous remémorer l’effort d’une nation pour une institution qui aujourd’hui vacille. De nos jours, le jeune est devenu la figure de l’individu. Il sait ce qu’il veut, ce qui lui plaît, ce qui est nul. Le marché le courtise et s’applique à le satisfaire. Courtisé, honoré, jalousé et adulé par l’industrie du divertissement, des fringues. Il n’a pas besoin d’être élevé car il est déjà sur le podium…. Les sociologues ont fait entrer la vie dans l’école. Smartphone, mode, codes, tout y est, objets fétiches et signes d’appartenance. Rien ne l’oblige. Que la menace vienne de l’extérieur ou de l’intérieur, aller voir ce film est un geste citoyen.