De Richard Curtis on aurait attendu mieux, lui qui, avant et après ce film, a prouvé qu'il est l'un des meilleurs scénaristes (et réalisateur) anglais, et le saint patron de la comédie romantique, réalisant d'ailleurs avec Il était temps ce qui est probablement le sommet de sa carrière.
Avec ce Love Actually, objet culte devenue référence mondiale, il tente dans un film total (casting démentiel, densité scénaristique, 2h10, etc.) d'épuiser les codes du genre et de livrer ce que l'affiche nous annonce comme l'ultime comédie romantique.
Il succombe alors à la tentation du trop rendant parfois son film justement too much.
Trop de personnages dont la plupart, faute de temps, ne sont pas assez construits (on pense à la doublure de scènes de sexe de stars jouée par Martin Freeman, complètement bâclé, ou encore celui de Laura Linney, beau dans son dévouement pour son frère atteint d'une maladie mentale, trop rapidement ébauché alors qu'il était probablement le personnage le plus intéressant du film). Le genre du film chorale n'impose pas forcément un lien entre tous les personnages, ce que Curtis tisse pourtant avec une artificialité forcée (les liens sont parfois si ténus qu'ils en sont inutiles). Enfin c'est ce too much qui produit des scènes si absurdes qu'elles créent le malaise, comme ce ridicule incident diplomatique qui voit se confronter le premier ministre anglais et le président américain lorsque ce dernier drague l'amoureuse du premier, avec discours politique limite nationaliste à la clef.
Si le film avait évité ce grand n'importe quoi qui le fait parfois partir dans tous les sens il aurait parfaitement fonctionné tant son écriture est au demeurant fine, son rythme enlevé et son humour (quoiqu'un peu vieilli, jouant la plupart du temps sur de gros clichés) parfaitement équilibré avec l'émotion, servi par des interprétations globalement excellentes.