Ce film est une excellente surprise, que j'ai déjà vu plusieurs fois, seul et en famille.
Il réjouit l'ado qui sommeille en moi, et l'adulte en recherche de films de SF intelligents et humanistes. J'entends par là des films qui entretiennent votre foi en l'humanité, en l'avenir, en la vie elle-même. Et pour être friand de post-apo etc., je peux vous dire que ça n'est pas si fréquent.
Si vous le regardez en mode blasé, tout vous paraîtra déjà-vu : mais quelle histoire n'a pas déjà été racontée mille fois ? Dans un film, ce n'est jamais l'histoire seule qui compte -ou alors c'est un mauvais film, se contentant d'illustrer un bon scénario. En fait ce n'est jamais l'histoire qui compte : c'est celui qui raconte, et d'où il raconte. Au cinéma, le conteur importe toujours plus que le conte lui-même.
Il entretient tout d'abord un dialogue très fécond avec nombre de ces illustres prédécesseurs. Si vous êtes un peu cinéphile, vous ne pourrez que vous réjouir des hommages qu'il rend à des films comme "A boy and his dog", "IA" de Spielberg, les bestioles de Ray Harryhausen.
Il peut se voir dès 10 ans, avec un adulte, et c'est même un des meilleurs âges pour le découvrir. Certaines scènes sont impressionnantes, mais sans jamais dépasser un certain cap.
Il est sorti juste avant les premiers confinements : or son thème principal c'est "osez sortir de votre coquille ! Osez vous dépasser et mordre la vie à pleines dents !"
C'est bien sûr l'histoire d'un voyage initiatique, à l'issue duquel le héros sera transformé en mieux, sortant de l'adolescence pour entrer dans l'âge adulte (et reconquérant la fille au passage). Donc voilà, si vous aimez ce thème, si vous voulez le partager avec votre enfant, regardez ce film. Ne me croyez pas sur parole : regardez-le d'abord seul, et vous verrez qu'ensuite vous aurez envie de le revoir avec vos jeunes enfants.
C'est fait avec tellement de soin, d'énergie, de bonne humeur, de sensibilité, que je lui pardonne bien volontiers les rares défauts qu'on peut lui trouver. L'acteur principal est formidable dans ce rôle, il le porte d'un bout à l'autre. L'humour, le ton et le rythme sont toujours justes, la mise en scène est précise, sans fioriture.
Dans l'effet qu'il me fait, je le mettrai quelque part entre "Retour vers le futur" et "Spider-Man New Generation".
L'intro en dessin animé est parfaitement jouissive, et la description de la vie dans le silo qui ouvre ensuite le film est assez jubilatoire (le héros est le seul à être célibataire dans sa petite communauté de survivants. Ce qui va l'inciter à s'aventurer au-dehors, c'est lorsqu'il réalise qu'il va finir en couple avec la prochaine fille dont le mec se fera zigouiller, et c'est amené de façon très amusante.)
La relation avec le chien, la manière qu'il a eu d'être dirigé, est d'une grande finesse. La séquence avec le robot qui va bientôt s'éteindre est poétique et touchante. Les épreuves que le héros traverse sont souvent haletantes.
J'imagine qu'il est mal noté à cause de son final, où le héros, en gros, affronte un crabe géant sur une plage. Mais c'est teeeeellement une référence aux films des années 1950, comme "Le 7ème voyage de Sibad" ou "Le choc des titans" que je ne pouvais que lui pardonner cette relative baisse d'intensité.
Je pense qu'il est destiné à devenir non pas un film culte mais un grand classique de série B, qu'il occupera dans notre histoire du cinéma collective une place comparable à Soleil Vert, Bienvenue à Gattaca, Contact, certains John Carpenter, et tant d'autres. C'est un film sincère, qui aime les gens et respecte son public. Ce n'est pas un film de "malins" s'adressant à des blasés. Je vois bien que je suis à deux doigts de vous sortir le couplet "sachez le regarder avec votre âme d'enfant", ce qui m'a toujours paru un argument éminemment douteux. Mais voilà, il m'a replongé dans l'état d'esprit de mon adolescence, quand je regardais Poltergeist ou lisais du Stephen King. C'est un film de genre qui ne se la pète pas, mais qui rappelle cette époque où les films de genre ambitionnaient encore d'avoir des choses à nous dire. Encore un argument rétro-débile, puisqu'il y a toujours des films de genre qui ambitionnent de nous dire des choses : la preuve avec Love and Monsters !