La longue introduction est, pour moi, la meilleure partie de ce film de Kōji Fukada. Tout est lié, jusqu'à la moindre touche de couleur vive, à l'apparence du bonheur. Pourtant, quelques anicroches égratignent d'ores et déjà cette imagerie joyeuse d'une famille recomposée, avec la mère, son petit garçon et le deuxième époux (la pique du beau-père n'appréciant pas sa belle-fille, l'ex-fiancée du deuxième mari qui se refuse à la dernière minute d'être de la fête, etc. !). Il ne faut pas longtemps pour comprendre que le personnage principal féminin est au fond une réprouvée. Et il n'est guère étonnant qu'elle ait besoin de s'occuper de nécessiteux, des gens comme elle, mais sans le confort matériel. Ce morceau dure jusqu'à... euh, vous savez de quoi je parle si vous avez vu l'ensemble...


Après, c'est un peu plus inégal.


Les scènes les plus réussies résident dans l'approfondissement des relations entre notre protagoniste et son premier conjoint (donc le père de l'enfant !) qui est... devinez quoi ?... un réprouvé auquel elle ne peut s'empêcher de s'attacher à nouveau. Muet, sourd et, point bonus au Japon, coréen. Rien de tel pour être un bon réprouvé. Le tout égrène visuellement des instants lors desquels la protagoniste n'est pas en phase avec les autres (la séquence du mariage est très éloquente dans ce sens !).


Il est dommage que des caractères secondaires, à côté de cela, ne soient pas plus approfondis, voire sont laissés de côté, comme les beaux-parents, l'ex-fiancée du second mari, etc. Caractères qui auraient pu donner plus de chair à l'environnement dans lequel évolue notre malheureuse, au-delà de l'intro susmentionnée. Que l'activité professionnelle de notre héroïne ainsi que tout ce qui se rattache ne soient pas plus mis en avant pour mieux cerner ce qu'est son quotidien professionnel, pour ne pas donner l'impression qu'elle ne travaille plus à partir d'un certain moment de l'intrigue.


Et surtout aurait pu être plus creusé ce qui lie ou délie les rapports entre le personnage principal et son mari (son actuel !) pour que leurs contacts ne changent pas par à-coups, ne paraissent pas forcés, pour parvenir à sembler couler de source.


Ce que j'ai retenu surtout ici, dans le positif, c'est un beau portrait de femme dans le système, mais hors du système.

Plume231
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2023

Créée

le 15 juin 2023

Critique lue 931 fois

22 j'aime

1 commentaire

Plume231

Écrit par

Critique lue 931 fois

22
1

D'autres avis sur Love Life

Love Life
Plume231
6

La Réprouvée !

La longue introduction est, pour moi, la meilleure partie de ce film de Kōji Fukada. Tout est lié, jusqu'à la moindre touche de couleur vive, à l'apparence du bonheur. Pourtant, quelques anicroches...

le 15 juin 2023

22 j'aime

1

Love Life
Electron
8

Le profession de foi de Koji Fukada

Bien qu’en anglais, le titre est très parlant. Ce que nous annonce Fukada, c’est sa foi en la vie et l’amour, même si Love life nous montre que la vie n’est pas qu’une succession de bons moments à...

le 12 juin 2023

15 j'aime

Love Life
RangDar
8

Critique de Love Life par RangDar

Le deuil fait partie de ses sujets sensibles qu'il n'est pas toujours facile d'aborder au cinéma, que ce soit en tant qu'"auteur", acteur ou même spectateur. Toutes émotions qui en découlent, la...

le 3 juin 2023

15 j'aime

3

Du même critique

Babylon
Plume231
8

Chantons sous la pisse !

L'histoire du septième art est ponctuée de faits étranges, à l'instar de la production de ce film. Comment un studio, des producteurs ont pu se dire qu'aujourd'hui une telle œuvre ambitieuse avait la...

le 18 janv. 2023

313 j'aime

22

Oppenheimer
Plume231
3

Un melon de la taille d'un champignon !

Christopher Nolan est un putain d'excellent technicien (sachant admirablement s'entourer à ce niveau-là !). Il arrive à faire des images à tomber à la renverse, aussi bien par leur réalisme que par...

le 20 juil. 2023

219 j'aime

29

Le Comte de Monte-Cristo
Plume231
3

Le Comte n'est pas bon !

Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise adaptation, il y en a des fidèles et d'autres qui s'éloignent plus ou moins du matériau d'origine. Et la qualité d'un film, issu d'une adaptation...

le 1 juil. 2024

202 j'aime

42