Love Life est un film que j'ai choisi de regarder un peu par hasard. Désireux d'approfondir ma connaissance du cinéma japonais, et étant particulièrement sensible aux drames et aux notions de deuil et de famille, je savais qu'il y avait peu de chances pour que je sois déçu.

Et c'est peu de le dire... Simplement : ce film m'a bouleversé.


Difficile d'expliquer en quoi ce visionnage m'a marqué, tant l'expérience fut subjective, mais essayons. Love Life raconte l'histoire d'une famille recomposée : Taeko, son fils Keita et son époux Jiro. Ceux-ci vivent dans un petit appartement à proximité des parents de Jiro, qui n'ont pas encore complètement accepté cette union. En effet, leur fils était, à la base, sur le point de se marier avec une autre femme avant de tout laisser tomber pour Taeko. À la suite d'un certain événement, le père biologique de Keita et l'ex-fiancée de Jiro vont ressurgir, entraînant la famille à se fissurer peu à peu...


Le film aborde des sujets graves avec une grande douceur. Tout est subtil, les disputes et les cris sont rares, mais les non-dits sont parfois beaucoup plus révélateurs qu'un flot de paroles. Love Life n'a pas besoin d'insister, on compatit facilement à la détresse des personnages.

On nous fait ressentir ce que ça fait quand la vie s'arrête, ce que c'est d'avoir un gouffre au cœur et de ne trouver personne avec qui partager sa souffrance.


Taeko va s'occuper de son ancien compagnon, celui-ci étant un vagabond coréen sourd et muet désireux d'obtenir des aides sociales ; elle seule est capable de le comprendre et de l'aider dans sa démarche. Ils retrouvent immédiatement une complicité perdue, d'autant plus renforcée par le langage des signes qui les force à se faire face et à se regarder. À l'opposé de Jiro qui a toujours le regard fuyant et qui hésite à adopter Keita sans la bénédiction de son père.

Triste dualité entre un homme qui comprend mais qui est lâche et un autre qui est volontaire mais perdu. Entre une mère que plus rien ne peut satisfaire et le fantasme perdu d'une ancienne amante.


Tout ceci va s'entremêler à l'intérieur d'une mise en scène soignée et délicate. L'esthétique du film est sublime, tout simplement.

Petit détail : à un moment, le film montre une séquence magnifique où Taeko danse seule sous la pluie. Ce genre de scène a tendance à me marquer particulièrement. J'ai trouvé ça curieux que l'on retrouve quasiment la même chose dans Au-delà des montagnes et dans Mother (des films respectivement chinois et coréen). Peut-être que l'image de la mère triste qui danse seule est un motif narratif connu dans la culture asiatique.


Bref, Love Life est un film dont la puissance des émotions n'a d'égal que la finesse avec laquelle celles-ci sont mises en scène. J'ai été touché, profondément ému et je me souviendrai de cette œuvre pendant longtemps.

Dardo
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le 30 déc. 2023

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