Loin des comédies romantiques surréalistes et juvéniles produites à foison pour petits faons ou ménagères NT1 en quête d'absurdités mielleuses, il fut un temps où la romance disposait d'un minimum de maturité et de crédibilité, tout en ayant sa dose de merveilleux. Et c'est en 1970, que fut produit une référence de sentimentalisme de qualité : Love Story. Véritable modèle de romance dramatique qui en inspirera beaucoup (trop).
Bien loin de la niaiserie qui berce nombre de productions de ce genre, c'est par sa sincérité et son côté naturel que l’œuvre d'Arthur Hiller se démarque. Un des plus gros succès de l'année 71, c'est d'ailleurs la seule œuvre du monsieur qui va en connaître véritablement un. Tout ou rien le mec. Donc finit les discours «High School Musical», la parole la plus cucul est la cultissime «L'amour, c'est n'avoir jamais à dire qu'on est désolé». Ici la séduction se fait de façon assez ironique par le biais de piques taquins non-innocents. C'est ça l'amour.
L'amour vache est de mise entre ce jeune étudiant en droit aisé et cette modeste étudiante en musicologie. C'est le point fort qui va mener la majeure partie du film, où l'amour se révèle être simple, complice et sans retenu. C'est un couple comme tant d'autres, auquel on croit, on s'attache. On va sourire bêtement, s'identifier à ces jeunes cons fougueux campés par des acteurs simples. L'histoire est simple par son récit, mais obscurcie par des thèmes, des problèmes dus à cette rencontre. Bah ouais, c'est ça l'amour.
Oliver étant hockeyeur, il est sans cesse en compétition, et c'est bien la le thème récurrent du film. Dans les études, il a toujours dû et va continuer de se battre. Dans sa relation avec Jennifer, il gardera sa dualité toute mignonne. Mais c'est surtout avec son père que l'affrontement est important, quand émulation rejoins lutte des classes.
Bien que tout ceci ne soit pas le plus important, cela permet au film de tirer son épingle du jeu. Disposant d'une mise en scène simpliste, Love Story peine à être esthétique, et souffre d'une photographie trop pauvre, où les plans se succèdent sans beauté. Malgré tout, la réalisation est loin d'être mauvaise, car si tout se succède vite, cela permet d'avoir un rythme très appréciable couplé à un montage réfléchi superbe, qui va à l'essentiel. On se souviendra de la première déclaration de Jennifer soufflée par un «Je t'aime» suivi d'un cut rapide qui nous dévoile les amoureux dans la neige, pour une scène débordante de charme. Ou encore, quand Oliver reçoit la bonne nouvelle et qu'ils s'embrassent bien sous les applaudissements des gamins, qui deviennent applaudissements lors de la remise de diplôme. C'est toujours intelligent et mignon… cette scène dans la neige quoi. C'est ça… l'amour.
Mais que serait Love Story sans sa musique oscarisée signée Francis Lai ? Cette mélodie somptueuse est vraiment une force du film, et n'est jamais trop redondante. Car une fois de plus, le cinéaste a su jouer correctement avec sa mise en scène, avec surtout la séquence : «Oliver recherche Jennifer». Quand il cherche sa chérie dans l'école privée de musique, et qu'il entrouvre chacune des portes, un instrument différent se mêle à la mélodie. C'est de toute beauté !
Bénéficiant d'un rythme soutenu et de charme incontestable pour la majeure partie, on regrettera tout de même, une fin dramatique tant attendue depuis l'introduction trop vite expédiée, qui ne crée pas la crise lacrymale prévue. En 15 minutes, l'affaire est dans le sac, si j'ose dire, et hop, fini. C'est dommage, lui qui était pourtant si bien parti. Mais bon, c'est bien connu, le début c'est super et la fin arrive trop vite, et c'est regrettable… c'est ça l'amour.