La jeune fille qui avait soif de la vie

Monter d'un 4/10 à un 5/10 ce n'est pas grand chose, mais bon, ça suffit à ne plus laisser le film du côté négatif (en tous cas pour moi), et ça c'est toujours plus sympa.

Pourtant les problèmes sont toujours les mêmes. J'avoue qu'en lançant le film je me suis pris au jeu assez vite au point de m'interroger sur les raisons de ma dépréciation lors de la première vision en salle. C'est rythmé, l'intrigue avance bien, y a des moments très forts en terme de dramaturgie grâce à l'utilisation du point de vue du prédateur (ça devient même malsain car le spectateur s'identifie à l'assassin qui fait tout pour ne pas se faire prendre). Mais après 40 minutes de gloire l'histoire se vautre. La raison est que Peter Jackson est partagé entre l'envie de mener son enquête à terme et celle plus contemplative de montrer cette après-vie. Et c'est ce second fil conducteur qui vient parasiter l'histoire passionnante, parce qu'il ne s'y passe rien et que ça casse le rythme du premier. Pire, là où la voix off était utile durant la première partie, elle devient futile pour le reste du film.

Côté mise en scène, on a droit à un Peter Jackson toujours aussi démonstratif et aussi subtil qu'une hache plantée dans une porte de garage. Ses scènes gnangnans sont vraiment très gnangnans, on peut même le féliciter de cette audace. Certains plans au bord de l'eau me rappellent toujours le générique de Baywatch (les nichons en moins). Il y a quelques plans dont on aurait pu se passer, des mouvements de caméra uniquement là pour dynamiser des scènes qui n'ont pas besoin de ce genre d'artifice, mais il y a aussi des séquences vraiment très cool, où ça bouge bien, c'est bien rythmé, la tension est parfaitement gérée. Je précise aussi que je n'aime pas ses énormes inserts, surtout qu'avec une caméra numérique, ça devient vite flou (de bouger). La BO aussi est un peu trop évidente, je me demande même si Peter n'aurait pas mieux fait de rester plus sobre. Avec un traitement à la "La nuit du chasseur" Jackson aurait frôlé le chef d'oeuvre.

Côté effets spéciaux, Jackson se vautre grandieusement. Le bougre a souvent déclaré qu'il voulait faire des films avec une histoire et que donc les effets spéciaux passent au second plan, tant pis si c'est un peu moche. Mais ici, clairement, le traitement demandait à ce que les SFX soient parfaits, et ils ne le sont pas. Jackson s'amuse à créer un univers onirique, mais c'est souvent moche. De même quelques effets de montage viennent parfois perturber une scène qui aurait été meilleure sans (je pense à la scène où le fantôme de Susie rentre chez elle au début ; son exploration dans une maison réelle garnie de brouillard est parsemée d'un effet ridicule de tremblement comme pour marquer qu'elle n'appartient plus à ce monde... alors que le simple brouillard suffisait à rendre compte de ce fait).

Bref, "Lovely Bones" manque de rythme à cause d'un scénario parfois trop chi... contemplatif ; la mise en scène est un peu trop fofolle, parfois pour rien ; au final le film laisse donc une impression de pot pourri tant on y trouve des styles différents, des bonnes et de smauvaises choses. Mais comme y a vraiment de très bonnes séquences, il m'a fallu remonter la note d'un point.