Je suis un peu partagée, en ce qui concerne Lovely Bones. D'un côté, j'ai envie de dire que c'est un chef d'œuvre, dans le sens où ce film déborde de poésie et d'émotion, et ne trouve son semblable nulle part. Il est unique. Donc, comme tout ce qui est unique, il a tendance à en devenir ovniesque.
Lovely Bones, j'aurais pu détester. Parce qu'après tout, je n'ai pas aimé Heavenly Creatures, et que c'est sans doute pourtant le seul film qui se rapproche - un tout petit peu - de celui-ci. (et puis dans les deux, y a l'implication de Peter Jackson, il est obligé de plaider coupable pour le coup)
Seulement voilà. Lovely Bones, ce n'est pas seulement un univers totalement à part, une histoire aussi déroutante qu'effrayante, et une vision de la mort triste et plaisante à la fois - parce que moi, j'aimerais bien que mon âme survive aussi, si possible. Ce film est beau car il parle à chacun de nous. On se met tantôt dans la peau des parents de Susie, tantôt dans celle de la jeune fille, et on se rend compte que dans les deux cas, c'est terrible. Perdre son enfant sans savoir qui l'a tué, ou regarder ses parents souffrir sans pouvoir intervenir ?
Vous l'aurez compris, on retient souvent notre souffle. On se perd, on a peur, on étouffe. On ne comprend pas vraiment, un peu comme Susie. Entre rêve et réalité, au-delà et vie, on ne sait pas de quel côté pencher.
(spoiler) Certains passages sont magnifiques et extrêmement touchants. Beaucoup diront que la fin est sublime. Moi, j'ai surtout retenu le moment où le père de Susie découvre qui a vraiment tué sa fille. Du moment où il examine les photos et remarque ce même intrus étrange, à l'instant où il saisit la fleur noircie et qu'elle retrouve ses couleurs au creux de sa main, par l'impulsion de la fillette. C'est tellement beau et triste à la fois que ça semble irréel.
Je n'adhérais que de manière mesurée à cette forme de cinéma qui fait la distinction des réalisations Jackson : flou, étrange, poétique, un peu glauque et surtout, très marquant. Mais Lovely Bones m'a définitivement convaincue qu'on pouvait trouver des perles, dans ce registre.