Après avoir dévoré le sulfureux roman du regretté Philip Roth, "La bête qui meurt", je me suis dit qu'il serait intéressant de visionner l'adaptation cinématographique de la réalisatrice ibérique, Isabel Coixet. Et j'ai été très contrarié... Le propos du roman, c'est de fustiger la pudibonderie américaine. Or, dans ce long-métrage, tout est lisse, tout est convenu. Quelle gageure!
Ce qui est essentiel dans le roman est occulté (censuré?): l'obsession du professeur David Kepesh pour les règles de Consuela n'est , dans le film, ni suggéré, ni évoqué. Pénélope Cruse incarne très mal à l'écran le rôle de cette jeune cubaine. Pourquoi ne pas avoir choisi une actrice cubaine? Il me semble que si le personnage d'un bouquin est suédois, on ne va pas prendre un italien. Comme si partager la même langue c'est un gage d'authenticité.... Quand elle est malade, on ne voit pas le crâne nu de Pénélope Cruise, alors que ce passage dans le livre est saisissant et permet de comprendre la psychologie du professeur David. Kepesh. Bref, tous les détails cruciaux, qui font la beauté mais aussi la dureté du roman sont carrément rayés, comme si la réalisatrice a voulu concevoir un téléfilm pour M6 pour les ménagères de plus de cinquante ans.
Il en va de même pour le rôle principal. Ben Kingsley est bien trop classe pour incarner un vieux professeur accro au sexe et à la beauté. C'est comme si Ben/David lui faisait la grâce de sa beauté et de son intelligence en couchant avec Cruse/Consuela.
Allez! retournons vite lire le roman de Philip Roth.