Au moins, on a eu le cahier des charges remplis : il y a eu Michael Shannon. Cinq minutes de présence, (qui fait tellement plaisir). D'où mon point supplémentaire pour cette note.
Donnez une note, à mon sens, n'est pas une question de critique .
Sur une question subjectivité, il a cette note car je l'ai apprécié. Par contre, sur une question d'objectivité, il mérite peut-être moins... Sauf que les critiques, sont présentes pour analyser l'interprétation du film final que nous avions vu.
Il est possible, qu'un jour, je détesterais un film, et pourtant je lui donnerais une note qui mérite la reconnaissance du travail retenu par le long métrage. Ce n'est pas simple de pouvoir reconnaître le travail réussi(e) de l'auteur(e) et de nous faire influencer par notre opinion sur le travail abouti qu'on aime pas...
C'est pour ça que les critiques existent : donner un sens final sur l'œuvre. Et non, donner son émotion pour expliquer le film par ce que nous avons ressenti... Peut-être que je me trompe, mais ce film prouve d'une manière ou d'une autre que je suis un fan absolu de Jeff Nichols.
Il se peut qu'un(e) grand(e) cinéaste se trompe, fait des erreurs, réalise un mauvais film,... On ne peut pas vraiment lui en vouloir. Puisqu'on apprends avec l'expérience et le temps.
(D'ailleurs, je fais peut-être des erreurs sur cette critique, dans ce cas-là : "eh bah tant pis mon vieux ! C'es'un début !")
Jeff Nichols a peut-être eu sa première faiblesse. Expliquons calmement pourquoi ?
L'une des forces du film est le personnage de Richard qu'incarne l'acteur (Joel Edgerton), il a une dentition tellement parfaite, que nous sommes surpris lors de la première fois.
Ce qui accompagne la personnalité du personnage (vu en vo) est son accent mâchant les mots. Il ne vient pas de grandes écoles, ou d'une grande éducation. Il est quasiment caricatural par ses faiblesses communs aux personnages vu dans certaines fictions se comportant dans ces années-là, et pourtant il est humain, et non grotesquement caricatural. L'acteur qui incarne ce magnifique personnage de l'ombre, ayant de l'amour et envie de tranquillité, rempli tellement son contrat qu'il mérite plus qu'être souligné... Alors que le personnage de sa femme, Mildred, est tellement... Différente. Elle a quelques scènes ayant vraiment de la compassion, des émotions,... Elle est tout de même mise, un peu, à l'écart. Mais c'est dû surement par le thème favori de J. Nichols : le besoin de donner un abri à l'amour que donne les hommes de ses films. De les cacher d'une triste fin.
Comme dans Take Shelter, du même réalisateur, la femme ayant été incarnée par Jessica Chastain, était quasiment au second plan. Elle était principale, sauf que le héros joué par Michael Shannon, était la cible principale du réalisateur. Les deux femmes se rassemblent au premier plan lorsqu'elles sont... Ah, spoiler. Vous verrez lorsque vous aurez vu les films.
De fil en aiguille, les deux films se touchent et s'assemblent. Certes nous avons affaire entre deux couples différents,et pourtant les deux signes deux registres différents. L'un est plus dans la fable fantastique, l'autre dans la poésie.
Le film se veut-il être moins personnel que son prédécesseur ? Non par les exemples de réalisation de scènes de tensions avec un style de dynamique que, seulement, maîtrise Nichols et toute son équipe. Oui pour (presque) tout le reste.
Peut-être que Nichols est plus fait pour adapter une fiction totale que s'inspirant d'une histoire vraie. Il se limite sûrement face à des contraints qu'il n'a pas (par exemple) avec Mud.
On sent dans les transitions de scènes qu'il y a une envie, que tout est travaillé, mais tout rendu ensemble, avec le montage, donne une effet "déjà-vu". Qui est sûrement voulu par son maitre.
L'artiste enchaina deux œuvres à la suite, peut-être qu'il a besoin de revenir après une petite pause, pour pouvoir donner le pouvoir émotionnelles de certaines scènes de ce film dans l'entièreté d'un long métrage. Il en faut de peu pour que le film touche la perfection.
Une limite, dans l'histoire, qui nous as permis de comprendre que dans la réalité : il y a déjà eu des hommes voulant protégé leurs femmes. Un thème cher à notre artiste jeune.
Le film clôt peut-être ce thème, il va essayer peut-être de soulever ce problème différemment, encore certes, qui sera complété par un nouveau thème qui tient à lui.
Nichols est un bon cinéaste, car il partage sa pensée dans son cinéma. Il y travaille, et n'hésite pas à se "confier" avec ses personnages. Il y a une proximité indirect avec lui et les spectateurs. On l'aime car il nous propose une vision aimante de son univers cinématographique.
La complicité entre artiste et spectateur se fait rare, et c'est à garder. Tant qu'il ne trahit pas cette confiance (ce don en lui) avec nous.
Je ne dirais pas à quel moment et pourquoi il se passe ceci, je vous laisse la surprise. Voici une scène que j'ai choisi pour cette critique : une caméra filme le derrière du banquet de voiture, on voit une voiture suivre Richard. Elle semble inquiétante par la musique qui s'installe dans l'extra-diégétique, et la réaction qu'à Richard provoque au spectateur un sentiment inquiet. En deux plans, sans rajouter d'effets, Jeff Nichols filme une course poursuite rappelant notamment Duel de Steven Spielberg. Tout résidait dans la maitrise technique pour pouvoir donner des émotions, les ressentir. Le montage englobe tous les ingrédients qui font la magie Nichols (le montage simple, cut, la fluidité, la caméra fixe, l'accélération, la lumière froide et chaude, le temps maîtrisé,...) : son équipe comprends son envie, son intention, il l'a maitrise par le fait de diriger ses compères, et ça se voit dans le rendu.
Loving n'est pas un grand film. Pourtant certaines scènes vont marquer la filmographie de Nichols, sans qu'elles soient forcément épique, mais juste parce qu'elle est simple, efficace.
Le film mériterait la moyenne, mais plus entre 6 ou 7.
A voir si vous avez de la curiosité. Ce qui est assez convenu lorsqu'on aime le cinéma.
(Je vous y encore fortement, surtout pour vous introduire dans le cinéma Jeff Nichols).