OPÉRATION RE MIDA fait partie de la longue série des films d’espionnage surfant sur le succès des films de James Bond mais, réalisé par Jess Franco, il sort franchement du lot même s’il respecte le cahier des charges : une organisation avec un plan machiavélique à l’échelle mondiale, de jolies espionnes qui, même de l’autre camp, tombent toutes dans les bras du héros, des déplacements dans des villes et pays divers (ici Rome, le Luxembourg, L’Albanie, les Caraïbes). Franco choisit non seulement la parodie, ce qui n’est pas vraiment original, mais surtout traite le film comme une bande dessinée et c’est sur ce point qu’il est vraiment en avance sur son temps en nous livrant un véritable comic strip sur pellicule : certains dialogues apparaissent dans des bulles, la scène d’amour avec la redoutable chef de police albanaise (Rosalba Neri) se déroule en images fixes comme dans un roman-photo, etc. Les dialogues sont complètement décalés et certains passages sont dignes des Marx Brothers comme celui, vraiment excellent du « marché aux espions » où on vend et échange des secrets, ou celui d’un gadget à la James Bond : un gaz qui arrête le temps. Le film est très rythmé et Franco, qui a tout de même été assistant d’Orson Welles, se permet même quelques plans et déplacements de caméra du plus bel effet. Dans la somme d’Alain Petit, Jess Franco ou les prospérités du bis, on apprend que le réalisateur considérait LUCKY EL INTRÉPIDO comme l’un de ses films préférés et, peut-être même, le meilleur de ses films. Le film vient de sortir aux éditions Artus dans une bonne copie.