Après être passée dans les bras de multiples amants, Lucrèce Borgia a trouvé l'amour en son second mari, imposé par son frère César. Mais ce dernier veut sacrifier l'époux. On n'attend pas du film des vérités historiques, assez difficiles à connaître d'ailleurs après la réputation de libertine (pour être poli) que la postérité lui a réservé et que conteste aujourd'hui la plupart des historiens. Le père de Lucrèce, le pape Alexandre, n'apparait pas ici et la jeune femme semble surtout soumise au bon vouloir de son frère jusqu'à l'inimitié finale. Rien non plus sur la Lucrèce protectrice des arts mais ce n'est pas le sujet. Le film est surtout un véhicule pour Martine Carol, épouse du réalisateur à l'époque. Le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'est guère convaincante dans la tragédie et ne fait pas le poids face au mexicain Pedro Armendariz, même doublé, formé par le cinéma de son compatriote Emilio Fernandez. Le technicolor est fastueux, les costumes sont somptueux (ils auraient obtenu un César s'ils avaient existé à ce moment-là) et les scènes d'action sont rondement menées. Mais que de pesanteurs pour le reste avec des dialogues qui confinent au ridicule. Beaucoup de seins dénudés également pour émoustiller le spectateur des années 50. Bref, on trouve le temps un peu long même si on s'amuse d'une brève scène avec un Maurice Ronet qui, pour une fois, joue comme un cochon.