On entre dans le film de Christian-Jaque sans trop savoir (pour certains) qui sont les Borgia, ce couple à la réputation de cruauté. On en sort avec une idée toute romanesque tant la rigueur historique fait défaut à des intrigues de palais sans relief, à des personnages tellement fades. Où l'on apprend que la belle Lucrèce Borgia n'est peut-être pas la mangeuse d'hommes et la traitresse communément admises, mais un instrument au service des ambitions diplomatiques de son frère, une victime des appétits de pouvoir du féroce César Borgia. Ce en quoi on reste franchement indifférent.
Attaché aux fastes et au moeurs de la Renaissance italienne, le personnage composé par Martine Carol n'est qu'une figure romantique sans aucune dimension psychologique, une héroine de roman superficielle et courante. Avec ses uniques scènes d'intérieur et ses décors en carton-pâte, Christian-Jaque met en scène platement un film qui manque visiblement de moyens. Et d'idées aussi, si l'on en juge par ces longues scènes d'action sans aucune autre utilité que d'étirer artificiellement le récit. La seul originalité du film tient à l'érotisme inattendu auquel Martine Carol prête docilement ses formes et sa sensualité.