Que dire sur les films de Visconti, spécialement ses derniers ? De la pure beauté esthétique, de la réflexion sur l'art, la religion, la famille, des parallèles osés et profonds. Grosso modo, oui. Comme mon but ici n'est pas de faire un thèse sur ce film-fleuve, je vais juste lancer quelques idées d'analyse qui me sont venues au fil du film.
On nous dépeint ici la société aristocratique post révolution, prise dans les tourments de la bourgeoisie montante dans toute l'Europe. Là ou le réalisateur l'a fait de sa plus sublime manière, c'est dans Le Guépard. Ici le film se déroule un peu comme un Citizen Kane ou Rashomon. On suit une enquête. On mous montre même à quel point un roi peut ne pas gouverner, subir la pression et devenir un reclus, une épave. Et pourtant Helmut Berger est à la fois magnifique et efféminée au début du film. Et que dire de Romy Schneider. Elle n'a jamais été aussi magnifique ! De toute façon de Turner à Cannoletto, en passant par David, chaque plan est un tableau. Le raffinement des costumes et des lumières est incomparables à ce jour.
Sur le fond, Visconti fait un parallèle entre l'homophilie, et même l'homosexualité et l'artiste marginalisé, le roi obsédé par l'art car il souhaite violemment se transcender par celui-ci, tout en ignorant les affaires de l'Etat et pourtant aimé par son peuple. Il y a ajoute, sur le même thème de l'homosexualité, de l'amour pour soi-même, le thème du miroir narcissique, grâce à de subtils plans qu'il ne fait que saupoudrer avec sa grâce habituelle (je n'en ai compté que trois) et au fait que Ludwig aime Elizabeth parce qu'ils se ressemblent comme elle le dit elle même.
Visconti trouve ici son personnage avec lequel il peut le plus s'identifier. Il en profite donc pour lancer une réflexion sur l'art et termine celle ci par une sur la spiritualité en faisant dire à son personnage principal que le matérialisme ne vaut pas la culture de l'âme. D'ailleurs le film s'ouvre sur les paroles d'un prêtre à l'adresse de Ludwig.
Il pousse, au passage, encore plus loin sa réflexion sur l'art dans Mort à Venise.
Il ne lui manque en définitive qu'une force épique en plus, que le récit, peut être même le sujet, très personnel, n'apporte pas pour être aussi fascinant que Le Guépard.