Derrière ses décors fastes et superbes ils se dissimule quelque-chose à l'intérieur de Ludwig, comme extirpé du cœur de Visconti et placé là-dedans.
Écartelé jusqu'à être déchiré par ce que lui demande un tel pouvoir, Ludwig ne fera que dissimuler sa nature. Il doit être comme il le dit si bien un mystère pour les autres et pour lui-même. Le sang à l'intérieur de son corps et qui le fait vivre ne sera perçu d'aucune personne tant il veillera à ne pas faire trembler en lui ce qui ronge son âme et ce qui l'anime.
Tout le long il ne pourra pas trouver le bonheur parce-qu'il ne pourra pas être ce qu'il est. Je pense que Visconti au-delà de montrer un Homme qui rends son âme invisible pour pouvoir préserver son pouvoir a voulu représenter une réalité du monde qui est de ne pas s'avouer soi-même pour pouvoir paraître suffisamment normal pour se faire des amis. Peut-être que je surinterprète, mais je pense que c'est cela que le réalisateur a voulu viser et critiquer: tous les Hommes sont amenés à se ressembler et ceux qui sont différents doivent rendre invisible la différence pour pouvoir s'intégrer. En ce sens, aucune dérogation ne doit se faire, il faut être aussi ennuyeux et peu vivants que toute ces personnes autour. Sinon, on prendra cela pour frénésie et folie.
Ludwig pour se faire aimer et pour asseoir son autorité doit lui même effacer tout ce qui en lui ne ressemble pas à tout le monde.
Je trouve qu'en cela Visconti tisse des thèmes très intéressants autour d'un personnage qui aurait besoin d'une fracture et sûrement d'excentricité en plus pour se sentir bien dans un monde entouré d'autant de conventions. Et aussi ennuyeux et peu attrayant.
Ludwig est un film très beau, les costumes, les décors, la mise en scène de Visconti offrent un spectacle sublime. Les plans sont d'une beauté impeccable. Arrivant très bien à doser son film entre moments sérieux et quelques scènes présentant une harmonie, le réalisateur ficelle une grande oeuvre dont l'histoire est aussi passionnante que le rendu.