C'est un drame sentimental baroque et tragique qui n'exclut pas un moralisme très en vogue en cette époque vichyste. Des cinq personnages impliqués dans ce chassé-croisé amoureux, seuls l'ouvrier digne et la jeune fille pure (incarnation de la France?) sortiront grandis de cette sombre intrigue faite de jalousie, de folie, de mensonges. Le caractère symbolique des protagonistes éclate au terme du film,
lors du bal masqué, où malgré son déguisement,
chacun se révèle, en même temps que la nature de sa classe sociale.
Le décor de ce marivaudage amoureux contribue à l'étrangeté et à l'austérité du film de Grémillon. La promiscuité de l'hôtel où se noue l'intrigue et de la mine (décor récurrent de l'époque, semble-t-il, puisque Maurice Tourneur et Jean Delannoy en ont fait aussi le cadre d'uin drame) semble suggérer l'opposition de deux France, l'une oisive, l'autre laborieuse.
Le style incontestable de la mise en scène de Grémillon et les dialogues de Prévert ne garantissent pas un intérêt constant au sujet, qu'on peut trouver parfois emphatique et artificiel.