Dans ma chronique récente de "Switchback", je m'étonnais de ne jamais l'avoir vu plus tôt, en bon amateur de polar nineties. Non seulement ce n'était pas une exception, puisqu'il faut désormais lui adjoindre "China moon", mais en plus dans ce dernier cas, je n'en avais jamais entendu parler, ni sur Sens Critique ni ailleurs!
Il faut dire que ce polar mâtiné de romance a connu de gros problèmes de post-production / distribution (sortie 4 ans après le tournage!), et reste très méconnu dans nos contrées, malgré son joli casting, qui réunit Ed Harris, Madeleine Stowe et un Benicio Del Toro tout jeunot mais déjà à son avantage.
Les deux premiers nommés affichent notamment une belle alchimie, parfaitement castés pour des rôles sur mesure : Ed Harris a la gueule de l'emploi de ce flic hyper compétent, charmeur mais solitaire et un peu rustre, pour qui la divine Rachel constitue la chance d'une vie.
Quant à Madeleine Stowe, outre sa grande beauté parvenue à maturité (elle a 32 ans au moment du tournage), elle possède cette vulnérabilité et cette ambivalence au coeur de son personnage.
Si "China Moon" ne fonctionne pas aussi bien qu'espéré, c'est sans doute car le réalisateur John Bayley prend trop son temps durant la première moitié du film, pour aboutir après 45 minutes à la scène que tout le monde pressent depuis le début. Du coup on s'ennuie un peu, d'autant que paradoxalement, les personnages restent assez pauvrement caractérisés.
La seconde partie du récit sera nettement plus captivante, avec plusieurs rebondissements bien sentis et une fin non conventionnelle du plus bel effet.
L'unique réalisation de John Bayley constitue donc finalement une bonne surprise dans son registre : un divertissement sans grande subtilité, modeste mais efficace, porté par le charisme de son trio d'acteurs, auxquels il faut associer le britannique Charles Dance, toujours parfait pour jouer les salopards avec sa sale gueule...