L'amour en fuite

Edité en blu-ray par le britannique Arrow dans une superbe copie, Lutring… réveille-toi et meurs n’est pas un poliziesco stricto sensu. C’est pourtant le même Lizzani qui inaugurera le genre du polar all italiana avec Bandits à Milan. Mais il en contient quelques bases : 1) le film prouve que le savoir faire italien rayon course poursuites motorisées ne date pas de la volonté du cinéma commercial transalpin d’imiter Friedkin et le succès de French Connection (le film est même antérieur à Bullitt). 2) le pragmatisme des méthodes du commissaire Moroni (un Volonte inhabituellement low profile) annonce celui des flics du poliziesco. Comme beaucoup de classiques à venir du Nouvel Hollywood, le film est basé sur une histoire vraie, celle d’un truand isolé et tête brûlée (braquage à visage découvert) dont le seul talent est le don pour la fuite. Et sa principale singularité est le focus sur l’épouse de Luttring, femme brutalisée par son mari qui aide la police en espérant que derrière les barreaux il se décide à revenir dans le droit chemin. Aide cyniquement exploitée par Volonte. Lizzani applique enfin l’adage hitchcockien si tu fais un film à Paris, commence par un plan de la Tour Eiffel : le beau travail de photographie des scènes nocturnes aux abords du Follies Pigalles, de ceux des Galleries Lafayette… fait regretter que plus de films de genre italiens de l’époque n’aient pas été tournés en France. Le casse du carnaval, celui de Via Montenapoleone (équivalent milanais de la Rue du Faubourg St Honoré) sont d’autres moments réussis du film (bien mis en musique par Morricone qui sera encore plus inspiré dans les seventies rayon polar). Que je trouve mal agencé dans son rythme d’ensemble même si les qualités mentionnées ratrappent ça.

PS : Géniale réplique : C’est une actrice ? Non, la femme d’un truand, c’est un peu pareil.