Avec Lux Æterna, Gaspar Noé nous entraîne dans une expérience sensorielle intense, empreinte d'une ambition artistique indéniable. Porté par les performances puissantes de Béatrice Dalle et Charlotte Gainsbourg, le film aspire à capturer une atmosphère oppressante et hypnotique. Cependant, cette plongée dans le psychisme et les affres de la création se heurte à une impression persistante d'improvisation qui nuit à sa cohérence globale.
Les dialogues, souvent dissonants, semblent ne pas se répondre, créant une cacophonie qui déstabilise davantage qu'elle n'intrigue. Cette absence de véritable interaction entre les personnages renforce le sentiment d'assister à un exercice de style plutôt qu'à une œuvre pleinement aboutie. Le spectateur est témoin de scènes où la communication se désagrège, reflétant peut-être une intention de représenter le chaos intérieur, mais qui finit par engendrer confusion et détachement.
Visuellement, le film offre des moments de réelle beauté et ose des choix artistiques audacieux. Gaspar Noé maîtrise indéniablement l'esthétique hypnotique, et certaines séquences captivent par leur intensité formelle. L'utilisation de la lumière, des couleurs et du cadre témoigne d'une virtuosité technique. Néanmoins, le recours excessif aux effets stroboscopiques, poussés à l'extrême en fin de film, finit par épuiser le spectateur plutôt que de l'immerger. Cette surenchère visuelle, si elle vise à provoquer une réaction viscérale, risque surtout de créer une distance involontaire.
Malgré ses qualités esthétiques, cette virtuosité ne parvient pas à masquer les faiblesses d'une narration qui semble improvisée et dépourvue de direction claire. Lux Æterna donne l'impression d'un collage d'idées non abouties, manquant de structure et de finition. Les thèmes abordés, tels que la sorcellerie, la folie créatrice ou la condition féminine dans le milieu du cinéma, sont effleurés sans jamais être véritablement explorés. Le film semble sacrifier la profondeur du propos au profit de l'expérimentation formelle.
En fin de compte, Lux Æterna est une curiosité cinématographique qui divise. Si l'on peut saluer l'audace de Gaspar Noé à repousser les frontières esthétiques et à défier les conventions narratives, le film souffre d'un manque de cohérence qui empêche une véritable adhésion. C'est une expérience sensorielle intense qui, par son caractère brouillon, laisse le spectateur à distance. En privilégiant la forme sur le fond, Noé prend le risque de perdre en route ceux qui cherchent une œuvre plus structurée et aboutie.