Mon premier Fritz Lang. Nul doute que je me pencherai sur la cinématographie de ce réalisateur incontournable.
J'ai adoré la complexité de ce film. Je ne sais pas si c'est le premier de son genre à refuser de livrer un récit manichéen, avec un personnage de meurtrier qui aurait été un monstre complet et une police (ou une pègre locale) composé de personnages vertueux. Non tout le monde est humain dans ce film, c'est à dire que tout le monde est un peu médiocre, dans ses intentions comme dans ses actions.
La police d'abord, qui n'arrive à rien et ne finit par mettre la main sur le meurtrier qu'à l'issue d'un concours de circonstances, lui-même provoqué par la bêtise de la pègre locale, qui souhaitent avant tout se débarrasser du meurtrier d'enfant pour que la police cesse de fouiner dans ses petits commerces.
Et surtout le fameux M, brillamment interprété par Peter Lorre (son physique joue beaucoup), qui se révèle très humain lui aussi. On ne saurait lui pardonner ses crimes, mais le film nous fait ressentir à plusieurs reprises sa détresse, notamment lorsqu'il est traqué dans l'immeuble de bureaux et qu'il se terre au fond d'un grenier, attendant avec angoisse qu'on le découvre. Ou encore lors de son "procès" par les criminels, où il se défend de ne pouvoir faire autrement que de tuer, car cela est dans sa nature, thème déjà entendu ailleurs, mais où on se prend de pitié pour ce pauvre diable qui est presque sa propre victime.
Cependant, le personnage qui m'a le plus touché au final est sûrement la mère Beckmann, avec laquelle on se prend d'inquiétude en regardant le temps s'écoulé et sa fille ne pas revenir de l'école pour le déjeuner.