Pas de doute, on est bien chez Daphné du Maurier, le scénario étant la principale qualité du film, laissant la part belle à différentes interprétations et à une ambiguïté omniprésente, si bien que l'on s'intéresse jusqu'au bout à cette étrange romance aux décors volontiers gothiques et à l'ambiance soignée, malgré une musique parfois un peu intempestive. Le vrai souci, c'est bien l'absence d'un vrai réalisateur, Henry Koster s'en sortant honnêtement, mais n'ayant clairement pas les épaules pour tirer ce récit vers des sommets d'inquiétude, voire de folie, comme aurait probablement pu le faire Alfred Hitchcock, à l'image de son « Rebecca », peut-être la plus belle adaptation de l'auteur.
De plus, la transition est parfois trop brutale concernant le changement d'attitude de l'héroïne, d'autant que si Olivia de Havilland excelle dans le rôle, elle n'est probablement pas assez belle pour justifier une telle fascination. Malgré tout, la qualité de certaines scènes
(les cauchemars de Philip font joliment leur effet),
l'excellente prestation de Richard Burton et donc une histoire un tant soit peu troublante permettent de s'y retrouver à peu près : intrigant, parfois subtil, mais un peu frustrant.