La mort en ce jardin

"La mort est le prix du meurtre" peut-on entendre au début du film, ce qui va rester dans un coin de la tête durant la mise en scène de cette histoire trouble, comme savait si bien les écrire Daphné du Maurier. Certes, William Shakespeare a connu 300 adaptations cinématographiques, mais Daphné du Maurier a su susciter l’intérêt d’un Hitchcock, à trois reprises, et dix autres réalisateurs ont adapté un de ses romans ou nouvelle. Le plus connu étant peut-être "Ne vous retournez pas" de Nicolas Roeg. Un très beau plan inaugural situe le décor, les côtes des Cornouailles, et la maison isolée. Henry Koster n’est pas un cinéaste renommé ; le début très verbeux qui explique la situation semble avoir un peu de mal à démarrer, comme échoué dans cette vaste demeure habitée par le personnage de Richard Burton, (dont c’est le premier film hollywoodien). Datant de 1952, "Ma cousine Rachel" est à une décennie des années 40, qui vit Olivia de Havilland, lassée d’être assignée à des rôles de jeune ingénue, intenter un procès à la Warner Bros, qui portera ses fruits. Dans "Ma cousine Rachel", elle excelle à merveille à unir l’ambiguïté de son rôle à un physique plutôt sage … Richard Burton est également parfait dans celui du jeune homme exalté par l’amour et rongé par le doute. La scène où les deux personnages se rencontrent illustre bien le coup de foudre de Philip, magnifié lors de la scène du sapin, toutes en lueurs étoilées. Après, le nombre de plans où Rachel sert le thé ou la tisane finissent par être un running gag bien involontaire, mais sont aussi l’aveu d’une absence d’idée quant à filmer une scène. Les rivages impétueux des Cornouailles, reviennent régulièrement, figure de style qu’il est difficile de ne pas réussir, là où les ombres nocturnes des feux de cheminée plongent la demeure dans le mystère facile. Les visions d’hallucinations, nimbées de flou, sont un peu convenues… Pour conclure, outre le jeu des acteurs, il faut souligner combien la musique de Franz Waxman porte littéralement le film du début à la fin. Sa partition romantique et grandiloquente sied à merveille à chaque situation.