Jadis condamnés au bûcher pour cause de sorcellerie, Jennifer et son père ont lancé une malédiction sur la descendance de leur accusateur: elle ne connaitra, au long des siècles, que des mariages ratés. Au moment où le dernier de la lignée Wooley s'apprête à épouser une brune acariâtre et à postuler au poste de gouverneur, le duo de sorciers intemporels fait son apparition.
La finalité de cette comédie fantastique et sentimentale de René Clair est de convaincre l'héroine-sorcière (Veronica Lake), dès lors qu'elle renoncera à sa vengeance ancestrale, qu'il est bien plus agréable d'être une femme amoureuse qu'une sorcière.
Le film de Clair est décevant. Il apparait à beaucoup d'égards vieillot; en premier lieu parce qu'il ne possède pas cette causticité et cette modernité, en matière de moeurs notamment, qu'on trouve dans les comédies contemporaines des Lubistch et autres Wilder. Cela se ressent sur le duo que forment Veronica Lake et Frederic March, trop sage, trop fade, malgré le sex-appeal de l'actrice. Et puis, surtout, le scénario n'est pas très malin ni astucieux, dont la fantaisie relève essentiellement, au moyen d'habiles trucages, des manifestions du reste plutôt enfantines des pouvoirs de ces ensorceleurs père et fille. Faute d'impertinence et d'une réelle extravagance, la comédie ne fait même pas sourire.