Qui s'attend à de la grosse poilade made in Splendid sera ici déçu. Certes, il y a Michel Blanc, il y a aussi Anémone (qui a intégré la troupe la même année avec Le Père-Noël est une ordure), c'est Patrice Leconte qui est derrière la caméra mais, en fait, c'est davantage une peinture douce-amère de l'évolution sociale qu'une véritable comédie. Premier indice d'ailleurs, on ne rit pas. A peine esquisse-t-on quelques sourires devant certaines situations simplement amusantes. Deuxième indice, on ne rit pas car le film ne cherche pas vraiment à faire rire.
Il brosse le portrait de laissés-pour-compte de l'amour qui ne considèrent pas les joies du sexe comme un exutoire suffisant. Michel Blanc s'est fait planter par sa femme, Anémone est prise pour une idiote par son mec, et ils sont plutôt déprimés. Un coup de déprime qui les amène à se rapprocher l'un de l'autre, autrement dit un rapprochement pour de mauvaises raisons. Puis vient le dérapage qu'aucun des deux, au final, ne recherchait. L'esprit soixante-huitard est ici bien loin.
Ce Ma femme s'appelle reviens est un film intelligent, qui annonce, en quelque sorte, le cinéma de Patrice Leconte et celui aussi de Michel Blanc. On peut lui reprocher une certaine mollesse, quelques maladresses, de multiples hésitations, mais il est sincère. Michel Blanc trouve (enfin) un rôle différent de l'étiquette qu'on lui a jusque là collée et son implication dans le scénario et les dialogues (qu'il a intégralement écrits) montrent déjà son envie de faire autre chose. Il le fera plus tard avec plus ou moins de bonheur mais cet essai est encourageant à défaut d'être mémorable.