ATTENTION ! Cette critique risque de révéler de nombreux détails du film, elle n’a pas d’intérêt pour ceux qui ne l’ont pas vu. Second point, elle est assez virulente (équivalente à la note que j’ai mis au film). Si vous avez aimé le film, je vous demanderai de ne pas le prendre mal, elle ne reflète que mon humble avis.
Je n’ai pas aimé « Ma Loute ». C’est d’abord un grand gâchis ! Parce que tout était rassemblé pour être un bon film : les paysages, la façon d’être filmé, les personnages hauts en couleur des policiers, des pécheurs, avec leur accents ch’timi proche de la perfection. Le côté un peu burlesque, foufou, me plaisait bien. J’ai donc été plus qu’enthousiaste au début.
Et puis tout a deconné à une demi-heure de film.
Tout a deconné au moment précis où apparait sur l’écran les 3 enfants et Ma Loute, réunis autour d’un seau remplis de morceaux d’humains, la bouche ensanglantée et leur mère en arrière-plan, un membre découpé a la main. Cette scène m’est restée sur l’estomac pour tout le film. Une première vague de spectateur a quitté la salle.
J’ai été mal à l’aise dès lors par cette histoire insensée de pécheurs qui mangent les gens. Pourquoi ? Qu’ils les tuent pour les dépouiller, qu’ils les noient aurait fait de ce film un mélange entre burlesque et policier. Et cela aurait collé plausiblement avec ces étranges disparitions. Mais du cannibalisme.
J’ai été mal à l’aise aussi lors de cette scène ou « ma Loute » tabasse Billy, sur une musique d’opéra parce qu’il a découvert que celui-ci avait une paire de testicules. Grotesque, gênant.
Le film vire donc au drame parce que ma Loute décide par déception amoureuse de manger Billy (absurde non ?)
Et puis le film retourne au burlesque lorsque la mère de Billy (Juliette Binoche) se met à voler, par l’action de la Sainte Vierge et décide d’aller secourir son enfant, pris dans les mailles du filet de pécheurs cannibales ; Ce n’est même plus du burlesque, ça va trop loin.
Mais ce n’est pas fini, après la femme du bourgeois, puis sa sœur, qui se sont élevés du sol par miracle, le policier se met lui aussi à voler comme un ballon et ceci jusqu’à la fin du film et sans aucune raison. Je suis passé de l’irritation à l’énervement.
Tout le monde semble heureux à la fin parce que les trois compères ont été sauvés. Mais les cannibales sont toujours en liberté et personne ne se demande où ils sont. Ma Loute se pavane sur la plage tranquillement à quelques mètres de ses anciennes victimes.
On résume : Pécheurs cannibales, bourgeois consanguins, adolescent travesti et miracles religieux. Ça en fait trop pour moi, le cocktail ne passe pas.
Quant à la prestation de la star du film, Luchini, elle est à modérer. Luchini l’a lui-même dit : il a eu du mal à rentrer dans le rôle. Et cela se voit lorsqu’à chaque scène, il interprète différemment son personnage. Il en fait d’ailleurs des caisses, que dis-je, des tonneaux, autant dans sa façon de se pavaner (les bras ballants, bossus, avec une mimique d’emoji blasé) que dans sa façon de s’exprimer (un accent de bourgeois caricatural).
Il faut croire que je suis tombé ce jour-là au milieu d’une salle peu enthousiaste car en recueillant les avis de mes voisins de rangée, aucun n’a aimé le film, certains l’ont détesté.
Le film aura eu le mérite, au moins, de m’interroger sur un point : comment peut-il faire partie de la sélection officielle du festival de Cannes ? J’ ai pu regarder « la tête haute » le lendemain, et en comparant les deux films, je me suis dit que le premier mérite bien plus la palme que le second.