Il y a des films que l’on n’oublie pas. «Mustang» fait partie pour moi de ces rares films qui m’ont foutu une claque cinématographique. A vrai dire, en partant pour le cinéma, je ne pensais pas l’apprécier autant. Les spectateurs étaient partagés, la presse était catégorique (voir article de rue89. «Mustang : ne cherchez pas plus loin le meilleur premier film de 2015) et c’est ce qui m’a décidé à aller le voir.
Le film va très vite sombrer dans le tragique et la descente aux enfers est en continue.
Pour résumer brièvement, cela se déroule dans un village de la Turquie profonde, le jour de la fin de l’année scolaire. 5 sœurs décident de rentrer à pied par la plage pour fêter le début des vacances. Elles croisent des garçons en route et jouent avec eux dans l’eau. Les garçons les portent sur leurs épaules et elles s’amusent à se pousser pour se faire tomber dans l’eau. Leurs chemises mouillées d’écolières collent sur leur corps et laissent voir leur soutien-gorge. Et évidemment, ce comportement ne va pas plaire à tout le monde … Les jeunes filles s’attirent les foudres du village qui jasent à leur sujet : ont prétend qu’elles ont été souillées par des garçons, qu’elles ont charmés les jeunes mâles avec leur comportement provocant. La grand-mère des jeunes filles réagit pour montrer que ses petites filles sont bien éduquées et peuvent être de bonnes épouses Les jeunes filles sont privées de sortis, les jeux sur la plage sont remplacés par des cours de couture, de cuisine et de bonne conduite. Les mariages arrangés pointent bientôt leurs nez : c’est là que le film prend une tournure tragicomique, entre durcissement de l’autorité, restriction des libertés et lutte pour la garder intacte. Comment s’amuser, découvrir l’amour et la sexualité quand on est enfermé ?
Ces jeunes filles vont lutter avec unité fraternelle et avec le sourire, pour garder leur liberté. Ce qui laissera place à de très belles scènes, parfois drôles :
(lorsqu’elles s’enfuient pour aller voir un match à Istanbul et qu’elles passent à la télé)
et parfois extrêmement difficiles :
(le suicide d’une d’entre elles m’a particulièrement marqué, idem pour les spectateurs abasourdis, dans la salle, par la violence du geste).
Le jeu des actrices est excellent, notamment l’interprète de la plus jeune, Lale.
J’ai beaucoup aimé la construction du film en crescendo qui débute sur l’embrassade entre Lale et sa professeur et qui finit sur un plan similaire.
Pour résumer, c’est un très beau film qu’il faut aller voir car il dénonce avec force et légèreté en même temps des sujets tabous, le mariage forcé des femmes en Turquie et l’extrémisme religieux. « Mustang » est souvent surnommé le « Virgin suicides turc » : si il a des traits similaires, « mustang » est pour moi unique, il m’a procuré bien plus de surprise et d’émotion.