Au départ, l'espoir est permis. Une certaine sobriété, l'envie d'aller directement à l'essentiel et une écriture passant plutôt bien... Hélas, Julio Medem fait rapidement des choix « Harlequin » de plus en plus regrettables, jusqu'à sombrer dans la mièvrerie et le mélo le plus ringard. À chaque fois qu'on pense avoir atteint la limite, le réalisateur en rajoute une couche : l'héroïne n'est d'abord censée perdre « qu' » un sein, puis est
finalement condamnée, puis enceinte d'un homme ayant perdu sa femme et sa fille quelques semaines auparavant, qui ne semble d'ailleurs pas plus traumatisé que ça...
Le tout avec un sérieux, une absence de recul assez sidérant, que ce soit dans les situations, les dialogues ou les relations entre les personnages, à l'image de la relation (très) amicale que la jeune femme entretient avec son médecin, et où tout le monde semble trouver formidable qu'une personne qui va mourir dans quelques mois (et en toute connaissance de cause) attende un enfant. Une sorte d'univers parallèle totale, parfois assez dégoulinant, où seule la relation entre Magda et son fils représente un semblant d'intérêt.
Sans même parler de certains choix invraisemblables, accentuant encore un peu plus l'embarras, aussi bien par l'intégration catastrophique de la jeune fille russe à adopter que ces images « subliminales » complètement à côté de la plaque... Heureusement, Medem a eu l'immense opportunité d'avoir Penélope Cruz dans le rôle-titre : elle est magnifique, sauvant autant que possible ce drame lourdingue, ne redorant pas le blason d'un cinéma espagnol visiblement à l'agonie. Une perte de temps.