Keaton a l’habitude de jouer les losers, mais ici son personnage est uniquement désigné comme étant "Friendless" lors du générique.
Le jeune homme vagabonde de ville en ville, sans arriver à se faire de l’argent, jusqu’à ce qu’il se fasse passer pour un cowboy auprès d’un éleveur de bétail. Mais Buster n’a aucune idée de comment traire une vache, monter à cheval, ou lancer un lasso. Les gags du genre sont plutôt basiques, et ne vont pas chercher bien loin.
Mais il y a beaucoup de long-métrages du comédien où les (bons) gags mettent du temps à arriver ; même dans Sherlock Junior, un de ses meilleurs films, les premières touches d’humour sont terriblement classiques.
Mais dans Go west, il y a carrément des gags que je n’ai pas saisis : le type qui met la main en visière et se fout le pouce dans l’œil, les cowboys qui veulent marquer leur comparse au fer rouge, … en fait c’est tellement idiot que je n’ai pas compris si le comportement de ces personnages était censé être involontaire. Dans tous les cas, c’est trop poussif.
A mes yeux, rares sont les bonnes idées, elles se comptent sur les doigts d’une main : Keaton qui fait semblant de marquer la vache au fer, qui lui met des cornes, l’inside joke sur le fait que l’acteur ne sourit jamais, et le petit twist final.
Les intrigues de films muets ne sont jamais très approfondies, mais même là le scénario m’a paru paresseux. Le héros gagne l’amitié de la vache simplement en lui retirant un caillou de sous son sabot. Mouais. Et le "love interest" sort vraiment de nulle part ; Keaton passe pour un loser au début, jusqu’à ce qu’il retire une écharde de la main de la fille (en fait, je me rends compte qu’on pourrait presque dresser un parallèle entre la demoiselle et la vache !)
Et même si c’est l’acteur lui-même qui est à la réalisation, et qu’il n’en est pas à son coup d’essai, la mise en scène m’a étonné par sa maladresse. Déjà on a cet usage de stock-shot digne d’Ed Wood : un plan de coyotes de jour, au milieu d’une séquence de nuit ! Ensuite, les valeurs de plan sont très mal choisies, il y a par exemple ce champ/contre-champ entre le héros et son interlocuteur, en plan américain, de sorte qu’on croit qu’ils se parlent à distance… alors qu’un plan plus large de profil peu après nous fait découvrir qu’ils sont même pas à 1 mètre l’un de l’autre.
La seule chose qui m’ait vraiment bluffé, c’est la cascade du film : un tonneau dévale une pente, et deux pieds en dépassent. Je me dis, naturellement, "ok c’est un mannequin"… jusqu’à ce que le tonneau éclate et qu’en émerge Keaton, qui était à l’intérieur depuis le debut.
Putain. Ce badass.
Mais voilà, c’est la seule cascade du film…
Très décevant. Même si pour moi un mauvais Keaton vaut toujours mieux qu’un bon nombre de films des autres comiques du cinéma muet.