Go West prend une place tout à fait à part dans la filmographie de Keaton, et même dans celle de tous les muets de l'époque, tant il est décalé.
Côté comédie, c'est franchement moyen. On est loin du burlesque et des acrobaties habituelles, et la plupart des gags font à peine sourire. La musique ressemble à du synthé dégueulasse et reste quasi ininterrompue pendant deux heures (c'est long), au point de saouler. Mais le pire c'est les sons diégétiques, vraiment pourris : bruit de cymbale à chaque fois que quelqu'un tombe, coups de feux qui ressemblent à TOUT sauf des coups de feu, bruits de sifflets cartoonesques insupportables, et j'en passe.
Bref, hormis deux-trois trouvailles, le cirque comique ne prend pas et l'on est bien loin du génie que l'on connaît.
En contrepartie, c'est un film d'une grande poésie, touchant dans sa simplicité. La relation entre Buster et la vache est excellente, et celle-ci formidable (elle joue mieux que l'actrice). Franchement, c'est la vache la plus mignonne et la plus intelligente qui soit.
Leur relation est magnifique, puisqu'elle symbolise une entraide entre deux êtres qui ne s'intègrent pas au reste du troupeau, les moutons noirs, une vache sans corne, un Cow-Boy très maladroit...
Une poésie liée au charme désuet de l'époque et qu'on ne pourrait pas reproduire aujourd'hui, et c'est déjà pas mal. Aussi je lui pardonne volontiers ses nombreux défauts et son manque de rythme notoire, car Keaton proposait avec cette œuvre une facette de lui qui s'éloignait de ce qu'il faisait d'habitude ; c'eut été dommage de ne pas la connaître.