Quelque chose m'attirait dans "The death and life of John F Donovan", et dans le même temps j'appréhendais de voir le premier Dolan tourné en langue anglaise, n'étant pas un fan inconditionnel du petit génie québécois.
Et le paradoxe reste entier après visionnage : énormément de choses m'ont déplu ou agacé, mais je ne me suis pas ennuyé, étrangement captivé par ce récit souvent artificiel et boursouflé.


"The death and life of John F Donovan" cumule la plupart des défauts repérables dans les films précédents de Xavier Dolan, parfois exacerbés pour l'occasion : hystérie, goût pour le clinquant, amour de soi qui vire à la complaisance, choix musicaux douteux, ainsi qu'une certaine prétention dans la mise en scène...


C'est la patte Dolan, aisément reconnaissable, et c'est aussi sa force, puisque tous les jeunes réalisateurs ne peuvent pas se vanter d'avoir un style aussi bien identifié.
On retrouve ainsi nombre de motifs de ses œuvres passées, tels que les rapports complexes à la mère, la famille aimante mais dysfonctionnelle, ou les personnages de gays plus ou moins assumés.


Autre point gênant, certains aspects de l'histoire paraissent tellement excessifs qu'on a parfois bien du mal à y croire. A commencer par ce gamin perturbé et hyper sensible ; j'entends bien qu'on a affaire à un "surdoué", mais ses propos (notamment psychanalytiques) finissent par apparaître ridicules d'emphase et de maturité artificielle.
Et comme il s'agit bien entendu d'une représentation fantasmée de Dolan lui-même, on ressent une certaine gêne en tant que spectateur.


De même, je veux bien croire qu'on sous-estime l'homophobie latente à Hollywood, mais le comportement dissimulateur de ce Donovan m'a semblé très excessif (même s'il est sous-entendu que le jeune homme est mentalement perturbé).


La force de Dolan, c'est qu'il parvient à nous faire avaler ce scénario bancal et ampoulé, grâce à ses talents de mise en scène et de direction d'acteur - même si ces derniers doivent être relativisés, le segment situé à Prague ne m'ayant pas convaincu, entre un Ben Schnetzer insipide et une Thandie Newton qui minaude atrocement.
En revanche, j'ai été séduit par les prestations du jeune Jacob Tremblay, de Kathy Bates, de Susan Sarandon et d'une Natalie Portman sévèrement enlaidie. Même Kit Harington, un comédien visiblement limité, apparaît crédible dans son personnage.


A l'arrivée, un film étrange et singulier, émaillé de jolies fulgurances (la scène de la boîte de nuit) mais lesté de trop d'excès et de maladresses pour convaincre - et sans doute affaibli par les nombreuses coupes et autres remaniements scénaristiques effectués en salle de montage (au point de faire passer à la trappe le personnage joué par Jessica Chastain).

Créée

le 5 mars 2020

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Val_Cancun

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