Live and let lie
On peut faire une foule de reproches à Dolan, mais certainement pas celui de l’insincérité. C’est d’ailleurs là l’une des conclusions de ce film, qui enjoint à la jeunesse de vivre dans la vérité :...
le 18 mars 2019
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Ce n’est pas à l’encre verte que je vais coucher mes impressions sur le papier, mais le dernier film de Xavier Dolan m’a donné envie de reprendre la plume. J’ai entendu tout et son contraire sur cette œuvre avant de finalement franchir le pas et prendre mon ticket pour le voir en salle : baclé, trop long, trop niais, génial, larmoyant, chiant, pas au niveau, décevant… Il était temps que je me fasse mon propre avis !
Le pitch : un enfant ultra fan d’un acteur méga paumé
Rupert Turner vit seul avec sa mère en Angleterre. Tous deux ont quitté les Etats-Unis pour des raisons personnelles et familiales. Le petit garçon a pour grand rêve de devenir acteur, comme une de ses idoles : John F. Donovan. John F. Donovan c’est cet acteur à succès à qui tout semble réussir, à qui la vie semble sourire continuellement. C’est ce mec canon que l’on voit s’afficher en 4x3 un peu partout, jusque dans la chambre du petit Rupert. Tous deux ont une relation épistolaire et une amitié singulière : celle qui lie un enfant harcelé à l’école pour sa différence et un adulte starifié malade et qui n’arrive pas à assumer qui il est. Une histoire sur le papier touchante, et, selon mon humble avis, d’autant plus émouvante portée à l’écran.
Un montage parfois aléatoire, mais un film qui reste sublime
Partout on a pu lire que le film initial faisait plus de quatre heures. Et quatre heures, c’est très long. On ressent parfois dans le film ce besoin qu’il y a eu de ramasser le long métrage sur les deux heures et quelques standards du cinéma, créant une sorte d’urgence. Certaines scènes se juxtaposent un peu par magie, certains personnages ne sont pas assez travaillés et exploités (la mère de John F. Donovan, son agent entre autres). Certes, on ne peut pas le nier. Mais toutes ces réflexions me sont venues après coup. Sur le moment, je me suis littéralement laissée emporter par le film. J’ai mis un pied dans la vie du petit Rupert, suivi le quotidien de John F. Donovan et ai laissé l’émotion prendre le pas, faire le reste. L’image est belle, les musiques portent doucement le film. Certaines scènes sont peut-être en trop ou « trop cliché » (cf la scène de l’audition à Londres). Mais l’émotion est là, palpable, tout le long. On ne peut pas rester de marbre devant cet enfant que personne ne croit, qui cherche à échapper à un quotidien étriqué et parfois néfaste. On ne peut pas rester de marbre face à la vie d’un homme qui se cache derrière un masque et souffre continuellement malgré les paillettes, malgré la vie en apparence facile. La fragilité est omniprésente dans ce film, et clairement j’ai été touchée. Cette fragilité m’a fait oublier tout le reste : les petites incohérences, les scènes peut-être pas assez poussées. Mais je ne suis pas réalisateur : loin de là. Je suis juste un public de cinéma et Dolan a gagné, je me suis fait prendre au jeu !
Une myriade d’acteurs éblouissants
S’il y a une chose qui doit mettre tout le monde d’accord, c’est le talent indéniable de ce casting hors norme. Xavier Dolan s’est fait un énorme kiffe en convoquant le tout Hollywood dans son film, et c’est jouissif. Kit Harrington nous fait oublier son personnage de loup solitaire qui lui colle à la peau depuis huit ans. Natalie Portman se plonge avec facilité dans ce rôle de mère aimante mais maladroite. Le jeune Jacob Trembley nous livre toute une palette de jeux et d’émotions. Amara Karan est d’une douceur extrême dans le rôle de l’institutrice. On regrettera sans doute, en revanche, le peu de place accordée au rôle de Susan Sarandon.
Créée
le 22 mars 2019
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