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Froid, Rugueux, brut, le film de Justin Kurzel impressionne autant qu’il peut dérouter. Adaptation de l’une des plus célèbres pièces de William Shakespeare, il dépeint la descente aux enfers de Macbeth, chef de guerre glorieux qui, après une prédiction proférée par des sorcières à son encontre, cherchera par tous les moyens à monter sur le trône d’Ecosse. Avant d’entamer cette critique, je tiens à préciser que je la juge en tant que parfait profane de l’oeuvre de Shakespeare. Je ne pourrais donc pas évoquer l’aspect d’adaptation de l’oeuvre par rapport à son support d’origine.


Pour commencer, force est de constater que nous sommes en face d’un film avec de fortes intentions de réalisation. De par son esthétisme, son rythme ainsi que son ambiance sonore, on sent la volonté du réalisateur de faire de son film une oeuvre personnelle, quitte à s’aliéner une partie du publique. Ainsi, Macbeth dénote dans le paysage des films historiques, dit épiques, dont il semble faire partie, notamment de par son intimisme exacerbé.


L’esthétisme de Macbeth est extrêmement travaillée, et représente pour moi le meilleur point de cette adaptation. La photographie, froide et brute, dépeint à merveille une époque médiévale fantastique, mystérieuse et étrange, comme tout droit sortie d’un songe. Les paysages écossais du film, toujours plongés dans une brume crépusculaire, renforcent cette impression de nature hostile, terreau fertile pour donner naissance à la folie de Macbeth. Cette folie prenant toute son ampleur lors du dernier acte du film, ou les highlands écossais, transformés en terres infernales, en visions cauchemardesques par un incendie vengeur, transforment la mise en scène jusque là intimiste de Kurzel en un tableau baroque scotchant de beauté. L’évolution de la photographie s’axe sur la montée de la folie dans le coeur de Macbeth : lorsque l’homme, dévoré par le regret et l’amertume, ne voit cette histoire uniquement se terminer dans le sang, les décors se changent en antichambre de l’enfer dans laquelle Macbeth sait qu’il va atterrir quoiqu’il fasse. C’est donc une véritable descente en enfer que Kurzel veut représenter. Et une claque ethnique pour ma part.


Plus qu’à l’esthétisme, c’est aussi et surtout à la performance des acteurs que nous devons la réussite de cette adaptation. Michael Fasbender, comme à son habitude, délivre une copie impeccable. Jouant son personnage avec finesse, son interprétation fiévreuse rend vraiment palpable la folie de ce roi maudit, car la retenue de l’acteur accentue considérablement les divagations et accès de colère de Macbeth. Marion Cotillard semble être taillée pour le rôle de Lady Macbeth, tant son jeu de regard et de mimique dépeigne bien la fourberie et l’ambition de son personnage sans l’aide des dialogues. Le texte de l’oeuvre de Shakespeare est ici respecté au mot près, ce qui peut faire partie des points qui pourrait dérouter certain de par le style très particulier de l’écrivain anglais, mais renforce tout de même l’aspect brut de l’oeuvre de Kurzel, rendant pleinement la puissance des répliques de l’oeuvre de l’auteur. L’intimisme exacerbé du réalisateur se retrouve aussi dans la représentation des sorcières, campées par quatres femmes, allant de la fillette à la femme agée, présentées sans fard ou grandiloquence, ce qui pousse à rendre leur présence angoissante. Les seconds rôles se débrouillent bien eux aussi, même si l’on pourrait noter une certaine rigidité dans le jeu de quelques personnage. A force de trop jouer avec l’intimisme, Kurzel perd malgré tout ici et là quelques touches d’humanités qui aurait put être bienvenues.


La mise en scène n'est pas en reste, et nous offre de nombreux visuels saisissant d'audace et de beauté. Exemple : la bataille sur laquelle s'ouvre le film, tableau sanglant immortalisé par des ralentis extrêmement esthétisés, cherchant à imprimer ces images de désolation à même la rétine du spectateur.


La musique donne au film une autre dimension tout en accentuant la volonté de dépeindre la chute du Roi félon. Composée par le frère du réalisateur, chanteur et guitariste du groupe australien « The Mess Hall » Jed Kurzel, la bande originale est principalement basée sur le violoncelle (colonne vertébrale du score) et les cordes, qui dépeignent par leur apreté le côté tragique de cette histoire.


Oeuvre personnelle d’un jeune réalisateur talentueux, Macbeth est une adaptation sans concession de la pièce de Williams Shakespeare, dépeignant une descente aux enfers froide et intimiste, magnifique et crépusculaire.

DomCobb27
7
Écrit par

Créée

le 3 janv. 2017

Critique lue 244 fois

DomCobb27

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