En mettant en scène Mad City, Costa-Gavras met les américains face à un miroir en s'intéressant à la façon dont les médias jouent une influence sur le déclenchement et le déroulement d’événements graves, ici une prise d'otage.
Le réalisateur de L'Aveu nous fait vivre cette prise d'otages de l'intérieur par le prisme d'un journaliste incisif et agissant surtout en fonction de sa carrière. Peu à peu il dresse le portrait de ce dernier puis du preneur d'otages, qui s'est retrouvé dans cette situation sans le vouloir et assistant, de manière impuissante, à la suite des événements et la folie qui s'est entourée de cette affaire. Costa-Gavras arrive à les rendre intéressants et à faire en sorte qu'aucun ne laisse indifférent, que ce soit pour eux deux ou les personnages plus secondaires comme l'assistante.
Il mêle ces deux portraits avec une dénonciation de la dérive des médias et de la course aux spectaculaires. Il met cela en lien avec l'évolution des protagonistes, sachant faire ressentir de la compassion pour le preneur d'otages au vu de la tournure des événements et de la manipulation qu'il va subir. Il arrive à donner une certaine force à cette mise en relief du rôle des médias, de leurs méthodes mais aussi de l'humain en général, de son cynisme et du mal qu'il est prêt à faire pour son bénéfice personnel. Il trouve le bon équilibre entre les personnages, sa dénonciation et la mise en lumière sur la foule et ceux qui vont les informer, avec toujours la dictature de l'audimat.
Il est vrai que Mad City souffre d'une fin un peu trop convenue et d'un ensemble peut être pas assez puissant, surtout en comparaison avec Le Gouffre aux Chimères de Wilder ou Un Après-midi de Chien de Lumet, qui ont eux aussi les mêmes thématiques. Il se montre assez sobre, voire même un peu académique (surtout en comparaison à ce qu'il a déjà pu faire), derrière la caméra, tandis qu'il dirige très bien un Dustin Hoffman cynique et un John Travolta très juste qui va se retrouver perdu au milieu d'une affaire qui le dépasse totalement.
Comme Lumet ou Billy Wilder avant lui, Costa-Gavras met en lumière le rôle fondamental des médias dans la tournure des événements, une dérive qui prend encore tout son sens aujourd'hui et ce partout dans le monde.