Film à la genèse aussi torturée que son visuel atypique. Il aurait dû voir le jour il y a plus de trente ans, mais aurait été écarté à cause des techniques du cinéma qui évoluaient vers de nouveaux standards par rapport au Stop Motion, devenu obsolète. Mais finalement a été ressuscité, grâce au financement participatif en 2021. C’est donc ainsi en fin de chaine que Phil Tippett (expert en effets spéciaux) accouche d’un film au visuel absolument incroyable et qui claque dès les premières minutes.
D’ailleurs l’esthétique du film n’est pas sans rappeler un certain travail de D. Cronenberg, toute proportion gardée. Néanmoins, les liens seront plus évidents à l’œuvre de "Blame!" - manga de Tsutomu Nihei (1998-2003) - par bien des aspects. Notamment le côté mutique du film, mais aussi par la structure même de cet étrange lieu, au cœur d’un univers complètement barge dont finalement on ne sait strictement rien, mais qu'importe!
Là où la Méga Structure (dans "Blame!") prenait naissance dans un monde technologique résolument SF, "Mad God" quant à lui nous plonge dans un mixte des genres ; entre le post-apo hyper crade et le diesel punk ultra gore, ou chair et gigantisme définissent ainsi la toile de fond du film.
C’est peu de chose que de dire que visuellement le film nous déroute en jetant un malaise à chaque tableau qui défile. Vraiment, "Mad God" c’est quelque chose d’indéfinissable, c’est aussi et surtout une drôle odyssée, celle d’un anti-héro (ou plusieurs d'ailleurs?) au cœur d’un monde organiquo-mécanique géant. En somme un univers complètement Mad et taré ; comme le suggère d’ailleurs très judicieusement le titre du long-métrage.
Finalement "Mad God" est un objet conceptuel insaisissable, qui emprunte des codes à un genre du cinéma révolus, depuis des décennies. On appréciera les quelques références, notamment à "2001, l'Odyssée de l'Espace" avec les monolithes, mais surtout le sublime hommage à l’introduction d'ouverture de "Terminator 1", avec la séquence de guerre des chars sur le champ de bataille.