Face à la rentabilité record de Mad Max, il aurait été incompréhensible de ne pas voir arriver un second volet à la franchise post apocalyptique de George Miller. Après un premier film honnête, qui campait l'univers et le personnage, cette suite poursuit le changement de ton constaté à la fin du précédent. Doté d'un budget dix fois supérieur, le cinéaste revient là où il nous avait laissé : Max est un être détruit qui ère sans âme dans les contrées désertiques où se côtoient pillards, meurtriers et mercenaires. Sa mutation psychologique accompagne celle de l'univers, dans une volonté de noircir encore un peu plus l'atmosphère, Miller assombrit la société qu'il a imaginée : ciel rouge sang, nuages inquiétants, panoramas poussiéreux, paysages désertiques, tout semble désespéré, bien plus qu'auparavant, budget oblige. La dystopie prend dès lors une envergure plus réaliste, cette guerre pour l'essence renvoie à une actualité qui nous est familière, qui nous pend au nez, les enjeux sont du coup plus crédibles et se font le raccord visionnaire d'un monde que l'on connaît bien : le notre.
Max prend corrélativement de l'épaisseur, de par ce qu'il a vécu, de par ses traumatismes qui ont fait de lui un solitaire sans peur qui fuit, tel un damné, l'attachement ou le bonheur. Sa route l'amène, comme bien d'autres marginaux, à une raffinerie de pétrole, le nirvana du combustible. Problème : elle est attentivement gardée par un groupe de personnes peu enclin à livrer son précieux sésame. Deuxième problème : une bande de bandits dirigée par l'ignoble Humungus (Conan en tenue de gladiateur) est aussi intéressée par les réserves de carburant. Le scénario est malin, à l'instar du premier il surfe sur le genre du western en proposant des problématiques qui rappellent le far west et sa quête de l'or tout puissant. Ici l'or est liquide mais les enjeux sont les mêmes, au sein d'une planète en pénurie tous les coups sont permis et la survie du plus fort devient dès lors la devise de chacun. Le métrage se construit donc sur une série de scènes héroïques, de protection de convois ou d'infiltration d'une place forte. Les moments épiques sont denses et multiples, on pense à cette partie où Max propose de l'aide à la communauté : sa mission est de sortir du camp sans se faire repérer, puis de leur apporter un camion pour remorquer la citerne convoitée, La tension est permanente lors de l'exfiltration, elle atteint son paroxysme lorsque Max tente de rallier la raffinerie avec le camion pendant qu'une armée de motos, buggys ou voitures tente de l'éliminer. Ces scènes d'actions, jubilatoires, témoignent d'une maîtrise de la mise en scène impeccable qui renvoie celle du premier à du dessin de cour d'école. Le budget n'est pas la seule évolution, tout est conjointement un cran au dessus, que ce soit en matière de suspens, d'action ou d'écriture. On se souvient que le Mad Max initial souffrait d'une linéarité qui affaiblissait le sentiment de surprise, sa suite fait l'inverse : elle explose tous les compteurs en terme de rebondissements et d'intensité. Max est sans cesse en danger, ses souffrances sont continues et rares sont les moments où le trépas n'est pas loin. Un héros qui en chie autant, on avait rarement vu ça. Personne ne s'en plaindra.
Succéder au film le plus rentable du siècle était un défi osé qui relevait de la sinécure, le pari est relevé haut la main par George Miller qui réalise une suite supérieure à tous les niveaux. Mad Max 2, au delà des comparaisons, n'est pas qu'une suite réussie, c'est un immense film d'action dont on ressort secoué, stupéfié, assommé. La faute à une scène finale, dantesque, qui met tout le monde sur le cul. Dans ces moments là que fait-on ? On se lève et on applaudit.