Un beau potentiel inexploité

Baignant encore dans l'univers de Mad Max après avoir vu Furiosa au cinéma, je me suis décidé à revoir le troisième opus de la saga. Pour ne rien vous cacher, je n'avais pas passé un très bon moment durant le premier visionnage de ce film, que j'avais trouvé très en dessous des deux premiers et un peu enfantin.

Alors, ce deuxième visionnage va-t-il changer mon appréciation ?

Les 45 premières minutes dans Bartetown prennent la même direction que Mad Max: Road Warrior : on retrouve un monde apocalyptique déjanté et malsain. L'aspect visuel de la ville est très "madmaxien" et le combat dans le Thunderdome s'avère très réussi. Bond constitue un "antagoniste" efficace à Mad Max au sein de la "porcherie industrielle", tout comme Entity, incarneé ici par Tina Turner, personnage à la fois inquiétant et intriguant.

Ensuite, la partie avec les enfants m'a fait le même effet que lors de mon premier visionnage : ce n'est pas très intéressant et ça sonne un peu trop "film enfantin Disney" à mon goût. On pourrait presque croire qu'un changement de réalisateur s'est opéré au milieu du film, tant le ton change par rapport aux 45 premières minutes dans Bartetown. La musique alterne elle entre le hors sujet et le sans intérêt. Ensuite, Max Rockantansky dans un rôle de père de substitution pour les gamins du désert, c'est un grand non pour moi. Dans le Mad Max originel de 1979, on présentait un homme cherchant à faire respecter la loi et l'ordre dans un monde sombrant dans la violence dans la décadence, avant de disjoncter après la mort de sa femme et de son fils. Dans le deuxième opus, on avait un Max cynique, violent et égoïste, développement tout à fait pertinent en tenant compte de son passé et du monde dans lequel il évolue. A l'inverse du héro hollywoodien typique, le Rockatansky de Road Warrior ne présente aucune propension à la rédemption. Dans le troisième opus, Max est selon moi trop moral et "bon" par rapport aux deux premiers opus.

La "chase" de fin constitue en revanche un point fort du film. On retrouve l'esprit Max Max après une parenthèse "Peter Pan" : de la tension, de la poussière, des véhicules déjantés (notamment le camion sur rails), des personnages dérangés et de la tôle froisée. Quel plaisir de voir une course-poursuite "organique" non polluée par des CGI à l'excès qui nuisent à l'immersion !

J'ai vraiment du mal avec la fin qui présente Max comme un sauveur. Dans les deux premiers films, on assiste à l'avènement d'un homme brutal, cynique et sans foi ni loi. Rappelons que dans le deuxième opus, il aurait laissé les habitants de la raffinerie fortifiée à la merci des hommes de Humungus s'il n'avait pas été justement attaqué par ces derniers en se barrant avec le carburant. C'est probablement plus "grand-public-compatible" de présenter ici un Max Rockatansky en quête de rédemption et soucieux des autres, mais ça nuit hélas à l'univers absolument désespéré présenté dans Mad Max: Road Warrior, où même celui que l'on pensait être le héros (le Bon) du film n'était en réalité qu'un mélange entre la Brute et le Truand.

Max Mad: Beyond Thunderdome est malheureusement un film très inégal, avec du très bon (Bartetown, la "chase" de fin) et du très moyen, voire faible (toute la partie avec les enfants du désert). A partir de là, on se retrouve avec un film moyen, mais qui aurait pu être une excellente suite à Mad Max: Road Warrior.

Un beau potentiel inexploité.