Mad Max : Fury Road, c'est un peu notre Paris-Dakar ancienne formule en plus hardcore, mélangé à une bonne dose de Fast and Furious. Autrement dit, c'est un sacré spectacle. C'est surtout une putain de grosse claque, au point qu'on n'a pas vraiment envie de tendre l'autre joue. Il n'y a qu'à écouter les autres spectateurs gémir et souffler pendant les quelques raccords. On a mal aux yeux, nos genoux nous lancent et manquent de transpercer le fauteuil de devant. On a les oreilles qui font jaillir de la confiture. On est pas bien dans notre siège. Il faut être sacrément maso pour aller voir Mad Max : Fury Road. Non mais vraiment. En sortant de la salle, on a l'équivalent d'une journée entière passée la tête hors de la fenêtre sur l'autoroute: le visage qui brûle, les yeux rôtis et les lèvres presque aussi sèches que celles de Nicolas Hoult. Et il n'y pas de répit possible: dès la première scène, le ton est donné. Dès la deuxième, on a compris qu'on est entré dans une expérience pas comme les autres. Dès la troisième, on est sur le point de s'évanouir (d'épouvante ou d'extase, au choix).
Quand on vous dit que c'est le meilleur film d'action de ces dernières années, et bien c'est vrai. Non mais franchement, on a souvenir d'un truc aussi dingue, aussi barré, aussi explosif ? Sans doute. Mais ma mémoire me faisant défaut, on va dire que non.
Tout est hallucinant. L'univers qu'a su recréer George Miller est incroyable, il sort d'on ne sait où des caisses tunnées façon "qui s'y frotte s'y pique", des personnages hauts en couleurs, parfois dégueux, parfois un peu plus sexy dignes du carnaval de Dunkerque. On est bluffé par l'espèce de bouffon qui joue de la guitare sur son char satanique accompagné de ses tambours du diable. Les environnements sont incroyables. Rien que du sable à perte de vue. A ce sujet, il est fort probable que George Miller ait passé un contrat avec Hermès pour un beau placement de produit, parce que son film en général ressemble beaucoup à la pub Terre d'Hermès. Il use un petit peu trop du orange pour que ce ne soit qu'une simple coïncidence.
pour rappel
Miller réussit le pari fou de donner une suite à l'une des sagas les plus cultes du cinéma, une suite incroyablement bien ficelée et surtout originale. C'est qu'il n'a pas perdu la main. Là où d'autres cinéastes se sont cassé la figure et se sont magistralement plantés en essayant de réinventer quelque chose mais qui s'est avéré ultra ringard, Miller innove, créé et étonne. Il faut avouer qu'on est loin de Babe le Cochon, ou alors quelque chose m'a échappé. Du haut de ses 70 ans, il nous livre un truc incroyable de vitesse, d'action et de déglingue. Non mais il doit avoir un peu l'esprit malade, peut-être un peu de sénilité pour nous pondre un truc pareil. En tout cas il ne tient pas en place. D'ailleurs, dans Mad Max : Fury Road, rien ne tient en place, tout est en mouvement. Tout ce qui s'arrête meurt. Il faut bouger coûte que coûte, et bouger vite. Pas le temps de s'arrêter, il faut tout de suite repartir. Pas le temps de parler, il faut rouler, sinon tout est fichu. Pas le temps de s'attacher, on meurt tous trop vite pour ça. Pas le temps. Il n'y a plus de temps, si ce n'est celui dans lequel les personnages évoluent. Le temps, c'est un peu celui des 24H du Mans : il est court et intense, on en profite mais la fin arrive très vite, alors on laisse de côté le superflu. George Miller laisse de côté le superflu. Il pratique le minimalisme du dialogue. Pourquoi s'encombrer de mots ? Il distille quelques maximes bien pensées, bien générales et qui ne veulent pas dire grand chose, histoire de contenter les amoureux de la parole. Une dizaine de phrases, quelques onomatopées, une poignée de grognements de Max. Voilà. Sinon on a beaucoup de bruit de pneus, d'explosion, de sable qui vole, de taule froissée, de guitare électrique, de nitro et évidemment de guns.
Ah au fait, il y a quand même une histoire. Max est fait prisonnier par Immortan Joe et réussit à s'échapper de sa citadelle en prenant en otage l'Imperator Furiosa et le harem haute couture du geôlier. Ils vont essayer de rejoindre une contrée verdoyante pour s'éclater un peu. Mais Joe n'est pas très commode et n'accepte pas vraiment de voir ses utérus confisqués. Il part à leur poursuite avec ses deux frères psychopathes.
Bon on sent tout de même que Miller ne développe pas l'intrigue à fond, laisse des points en suspens et nous fait mijoter pour une suite. Après tout, si elle est aussi bonne que ce premier volet, on devrait plutôt s'en réjouir. Non ?