Comment expliquer la gifle que Miller vient de donner aux réalisateurs de cette époque ?
Peut être parce que son film est d'une créativité incroyable (chaque plan/une idée) ou que techniquement ça tutoie le génie, du genre des cases de Comic Books qui prennent vie avec un brouhaha musical guerrier (tambours et guitare électriques) qui galvanise autant les personnages (War boys) que le spectateur..
Parce que chaque plan a du sens et que chaque séquences aussi déjanté soit elles, sont cohérente et tout se meut dans un ballet aussi étrange que fascinant.
Ou tout simplement parce que le concept ne tient sur rien d'autre que la fuite en avant, celle qui ne fait pas reprendre son souffle, qui donne l'impression que le coeur risque d'éclater, poussé par un shoot d'adrénaline et baigné par une hystérie collective sacrément contagieuse.
L'acte de bravoure au sens pur du terme.
Oui, en quelques secondes et mots l'univers se dévoile en toute subtilité, tout est hiérarchisé, structuré.
C'est une peinture si laide et brutale qu'elle en devient poétique parfois.
Du coup l'intrigue est simple et les personnages semblent d’abord être des réceptacles vide servant simplement à faire avancer la narration, se remplissant au fil de cette fuite ou de la "route" qu'ils essaient de tracer..
L'idée en est d'autant plus forte par le véritable enjeu qui se révèle.
[SPOILER]
Il ne s'agit pas seulement de fuir mais de chercher "l'eden"..
Le film est d'ailleurs résolument féministe, mettant les personnages féminins au centre de l'enjeu.
Si elles représentent un harem et l'acte ultra-privilégie de créer une lignée pour Joe Immortan, elles sont pour Furiosa un moyen de rédemption et de créer une civilisation matriarcale.
Laissant sur le mur de la cité "Women are not objet !" en symbole de révolte.
Par ailleurs si Furiosa semble être le personnage secondaire, il n'en est rien car est elle est la clé de voute, tandis que le Max n'est que le fantôme errant qui l'aide à cette quête.
Un fantôme qui récupère son âme et sa dépouille, le temps d'un sauvetage..
Des personnages féminins combatifs, porteurs d'espoirs et mine de rien bien plus cultivé/sage que la masse de chair à canon (war boys) que sont devenu la plupart des hommes, et des Matriarches (badass) porteuse de graines emblématique.
(Wé les graines qui poussent dans le sol et le ventre quoi..) ^^
Mais s'il n'est pas véritable le "héros"/personnage principal, pourquoi le film porte le nom de Mad Max ?
La note d'intention me semble être évidente, pour le spectateur le personnage de Max est un mythe, une légende qui se raconte de façon éparse, il a eu un enfant, un garçon ou une fille peut être peu importe, c'est son trauma personnel et ce qui le pousse à errer depuis des décennies..
Il est dans l'inconscient collectif, tout ce qu'on est censé se souvenir de lui c'est qu'il est vêtu de cuir et qu'il se faisait appeler "le guerrier de la route" à cause du vrombissement de sa V8, mais aujourd'hui il n'y même plus de route..
Le film perpétue cet aspect légendaire en le faisant disparaitre dans la foule, tel le spectre qu'il a toujours été.
Depuis le 1, le 2 et le 3 lorsque les films se terminent, une voix off conte son histoire de façon de plus en plus flou, voire distante :
"On en sait ce qu'il est advenu du guerrier de la route, certains disent qu'ils l'on vu.."
C'est encore le cas ici.
[FIN SPOILER]
Néanmoins, si l'oeuvre est un acte de bravoure déjanté rarement vu en cette décennie, elle souffre d'une finalité plus "formaté" Hollywoodienne.
Mais rien de grave, une mini frustration tout à fait pardonnable au vu du travail créatif (et posage de coucougnes) de papi Georges Miller, dont sa griffe m'a laissé une belle cicatrices suintante.
Instantanément culte pour moi.