43eme film de l'année et je découvre cette nouveauté Netflix s'inspirant de la sulfureuse Madame Claude qui a tant animée les haute sphères de la société française durant le milieu des Trente Glorieuses.
On suit l'histoire de Fernande Grudet alias Madame Claude qui règne dans le milieu de la prostitution très masculin en développant un service de luxe empruntant les codes de la bourgeoisie dans la fin des années 60 sur Paris du monde politique au grand banditisme et au-delà grâce à son commerce florissant.
Cependant à l'aube de la libération de la femme et du changement des mœurs, son règne, témoin d'un autre temps, est de plus en plus menacé….
Deux pensées contradictoires m'animent à la fin du visionnage du métrage de Sylvie Verheyde, le premier, c'est de reconnaître l'audace de la réalisatrice car il en faut pour traiter un personnage si clivant qui est à l'encontre des valeurs prônées actuelles et d'autres parts un sentiment de gâchis tant de nombreux sujets sont passés à la trappe pour dévoiler une histoire ne racontant que peu de choses sans réellement passer la deuxième ne serait-ce qu'une seconde.
Commençons par les choses positives, en premier lieu, il convient de constater que le travail de Léo Hinstin sur la photographie est sublime tant la maîtrise de la lumière est saisissante! En effet, le métrage nous propose des plans très soignés avec des multiples décors regorgeant de détails et apportant un certain cachet à l'ensemble.
En effet, la réalisatrice n'a pas hésité à multiplier les prises de vue dans divers endroits que ce soit des décors en vase clos, dans de grands ensembles imposants, dans un environnement urbain ou encore en extérieur, que ce soit de jour ou de nuit renforçant à chaque fois cette atmosphère parisienne chic et décadente des vastes années de la protagoniste.
La deuxième chose à retenir en plus des décors, c'est le soin apporté aux costumes apportant une touche d'authenticité nécessaire à ce genre de récit.
D'un point de vue technique notamment visuel, il n'y a rien à redire que ce soit cadrage, étalonnage, colorimétrie, enchainement des séquences. Cela montre qu'il y a eu tout un travail en amont des équipes et de l'argent investi pour rendre en tout point crédible le récit qui se déroule devant nous.
Cependant c'est là que le bât blesse car ce dernier n'apporte guère quelque chose à se mettre sous la dent, la réalisatrice semblant s'être concentrée plus sur la forme que sur le fond.
En effet, durant ces presque deux heures, cette dernière ne semble pas vraiment quoi raconter, comment le faire voire pourquoi cela. N'adoptant pas de réel angle d'attaque, elle se prive de sujets intéressants à exploiter.
En traitant une tel personnalité, j'attendais -surement à tord- que l'autrice parle de la prostitution, de la condition féminine, de la place des femmes dans la société, du rapport de position de façon un peu plus approfondie ou du moins avec plus de personnalités et de charactère.
Un comble pour une personne souhaitant parler d'un phénomène ayant réussi à s'ériger comme incontournable dans un monde d'homme et masculiniste de l'époque!
En parlant de l'histoire, j'ai eu l'impression que celle-ci était assez plate, très descriptive sans réellement rentrer dans le vif du sujet ou en le contournant rendant l'ensemble installé dans un faux rythme.
L'autre problématique que me vient en tête, c'est que je ne me suis pas attaché aux personnages que ce soit Mme Claude ou Sidonie, sa jeune bras droit venue de Lyon(^^), les deux me paraissant assez antipathiques ou plutôt inintéressantes ainsi que leurs histoires ce qui est paradoxalement étant donné le temps passé à l'écran.
Outres leurs histoires où je n'ai pas adhéré (même s'il y a une tentative avec Sidonie, l'exécution est forcée et non impactante sur moi), c'est le jeu de ces deux interprètes qui ne m'a pas plu.
En effet, je n'ai jamais réussi à croire en l'interprétation de Mme Claude de Karole Rochet, son jeu paraissant forcé et non crédible mais surtout ressemblant au jeu parisien des productions actuelles (comme dans le film "Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait") ne collant donc pas avec la reconstitution historique.
Sentiment renforcé lorsque la réalisatrice a eu la (mauvaise) idée -certainement dans un soucis de réalisme et d'encrer le récit dans une forme de vraisemblance-, de mettre des images d'archives de la véritable personne où il apparait clair que ni la voix ni les traits physiques ne sont ressemblant malgré le travail porté sur le maquillage.
Concernant la talentueuse Garance Marillier, contrairement à sa prestation habitée dans le film Grave de Julia Ducournau, ici je l'ai trouvé non concernée ou non convaincue par ce qu'elle jouait. Comme une sorte de désintéressement vis à vis de son personnage même si celle-ci n'hésite pas à donner de sa personne à l'instar du reste du casting féminin dans les nombreuses scènes physiques qui jalonnent le métrage.
Même si l'ensemble est assez chaste malgré les nombreuses scènes de corps peu vêtus voire dénudés.
Les hommes ayant paradoxalement de meilleurs partitions à jouer et s'en tirant convenablement sans non plus subjuguer l'assistance.
La BO s'appuyant essentiellement sur des chansons d'époque, ne m'a pas paru sublimer le récit mais elle a le mérite d'exister.
Au final je dirais que si le personnage sulfureux de cette maquerelle ayant réellement existée est intriguant de base et ce soit une femme qui traite du sujet était hyper intéressant sur le papier notamment dans un moment de renaissance d'un mouvement féministe, c'est au final pour moi une déception malgré sa qualité visuelle flagrante car l'autrice rate le coche en ne choisissant de ne porter aucun parti pris, aucun regard sur le personnage et son histoire et se contentant d'énumérer les faits de façon insipide sans saveur ou ferveur empêchant son récit de s'élever, d'être intéressant ou rythmé d'enjeux.
Je n'ai pas passé un mauvais moment devant mais je ne peux constater que ma déception même si je salue l'effort qui n'est pas i évident dans le cinéma français actuel.
A découvrir pour les curieux ou si vous n'avez pas d'autres choses à voir.