Mademoiselle (2016) – 아가씨 / 144 min.
Réalisateur : Park Chan-Wook – 박찬욱
Acteurs principaux : Kim Min-Hee – 김민희 ; Kim Tae-Ri – 김태리 ; Ha Jung-Woo – 하정우 ; Cho Jin-Woong – 조진웅.
Mots-clefs : Corée ; Thriller ; Erotique ; 1930.


Le pitch :
Corée. Années 1930, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d’une riche japonaise (Hideko), vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d’autres plans pour Hideko…


Premières impressions :
Bon, on ne va pas y aller par quatre chemins, Mademoiselle est LE film à voir en cette fin d’année ! Un bon conseil, n’attendez pas le dvd et courrez au cinéma avant qu’il ne soit plus à l’affiche. Le réalisateur Park Chan-Wook (Old Boy ; Thirst ; Stoker) est un maître de l’esthétisme et son boulot est vraiment magnifié par le grand écran ! Soyez certains que vous ne vendrez pas votre rein gauche pour rien, car même à 14 euros la place, je n’ai pas regretté mon investissement.


Mademoiselle est l’adaptation coréenne du roman « Du bout des doigts » de Sarah Waters, une sorte de fable-thriller lesbiano-erotico-libertine qui se déroule dans l’Angleterre victorienne, mais que Park Chan-Wook transpose dans la Corée occupée des années 30. Toutefois, ne vous y trompez pas, Mademoiselle n’a rien d’un film historique sur la colonisation. Ici les années 30 servent uniquement de toile de fond plus appréhendable pour le public coréen (qui raffole des films sur cette époque) et qui permet surtout à Park de nous en mettre plein mirettes côté décors et costumes. D’ailleurs, s’il conserve largement la trame et la construction du livre qui présente l’histoire sous le point de vue du personnage principal, puis qui change de narrateur pour présenter le récit sous un autre angle, Park tourne le récit à sa sauce. Ainsi, si le film conserve la prégnance de l’amour et de l’érotique lesbien, le réalisateur décide également de donner une plus grande importance aux personnages masculins et de modifier la fin du récit.


Si certains voient des accents féministes dans ce film car les femmes y sont vraiment mises en avant et valorisées, je suis personnellement un peu plus tiède sur la question. Le film fait la part belle à ses héroïnes et montrent les hommes en minables, cependant le réalisateur s’appuie franchement sur un imaginaire érotique masculin que l’on ressent beaucoup lors des quelques scènes de saphisme. Même si ces scènes sont très belles esthétiquement parlant et se justifient par le scénario, le contenu et la façon de filmer donnent l’impression que le réalisateur de 53 ans s’est un peu laissé aller à ses fantasmes, un sentiment particulièrement renforcé par la gratuité de la dernière scène de sexe, qui si elle n’est pas incohérente, n’apporte rien de plus au film qu’un dernier voyeurisme sur la plastique splendide des actrices.


Au-delà de cette seule réserve, le film est magnifiquement dirigé et la narration est exemplaire. Park Chan-Wook joue avec nos émotions et alterne les scènes comiques et les scènes sérieuses, les moments érotiques et les moments stressants. Mademoiselle tient autant du conte que du thriller, sans jamais que l’un ne l’emporte réellement sur l’autre, même si Park n’a pas pu s’empêcher de glisser une scène signature. Le divin se cache dans les détails et pour cela Park Chan-Wook mériterait bien une église.


Outre l’ambiance et les costumes, une des grandes satisfactions du film provient de ses actrices. Souvent raillée dans le passé pour son jeu stéréotypé, Kim Min-Hee est d’une beauté éprouvante. Son duo avec la jeune actrice Kim Tae-Ri fonctionne à merveille. Cette dernière est LA révélation du film. Décrochant le rôle après un casting comprenant plus de 1500 postulantes, Kim Tae-Ri a ravi le cœur des spectateurs alors que Mademoiselle est son tout premier film. Nul doute qu’on le reverra très bientôt sur les écrans.


En conclusion, Mademoiselle est un film que je conseille vivement pour la qualité de sa narration et sa beauté. Son mélange de conte et de thriller en fait une œuvre rare qui n’est vraiment pas réservée aux seuls amateurs de l’Asie et qui peut donc être conseillée à tous les amateurs de cinéma.

GwenaelGermain
8
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le 7 déc. 2016

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