J'ai mis longtemps, trèèès longtemps avant de m'essayer à « Mademoiselle » (façon de parler, bien sûr!), mon attirance très modérée (et rarement justifiée) pour le cinéma coréen expliquant en grande partie ce retard à l'allumage. Pourtant, si j'ai bien quelques réserves quant à l'approche parfois très érotique de Park Chan-wook, l'œuvre est une telle source de richesses visuelles et narratives que le reste devient presque secondaire. Adaptant un roman anglais de 2002 pour le transposer dans la Corée sous domination japonaise dans les années 30, le réalisateur ne tarde pas à montrer le potentiel hautement subversif et corrosif de cette intrigue, faisant de la manipulation et des faux-semblants un véritable art de vivre.
Il est ainsi peu dire que nous ne sommes pas au bout de nos peines à la fin du premier acte, tant ce jeu avec le spectateur se poursuivra plus de deux heures durant, avec son lot de rebondissements souvent réjouissants, toujours amenés avec un talent, une percussion assez jouissive, l'incroyable soin apporté à l'image, le raffinement de chacun des plans étant une extase de tous les instants. J'avoue toutefois que la troisième partie, clairement celle apportant le moins d'éléments nouveaux, et ce choix de scènes ouvertement sexuelles m'a moins convaincu.
Reste que ce mélange d'esthétisme et de crudité forment un mélange souvent détonnant, certains passages s'avérant proprement inoubliables
(la mise en scène des lectures d'Hideko, hallucinante),
le montage et la splendide musique faisant le reste. Alors tant pis si tout ne m'a pas plu tant il serait presque irresponsable de ne pas encenser cette œuvre rare, délicieusement provocante, entre claque visuelle et intrigue subtilement féministe aussi excitante qu'imprévisible : du grand art.