J'ai vu Mademoiselle (Ah-ga-ssi) de Park Chan-Wook, en avant-première mercredi en sa présence, et rencontré le monsieur en Masterclass hier après-midi. Heureux je suis.
Il serait trop long d'expliquer ici tout le bien que je pense du Festival Lumière de Lyon. Aussi me bornerai-je à vous dire que c'est rapidement devenu, depuis 4 ans maintenant, un rendez-vous incontournable de l'année qui justifie de poser une semaine de congés et de claquer 200 balles dans une semaine de ciné.
Renseignez-vous et, si vous aimez le cinéma de patrimoine (mais pas que, la preuve), foncez !
Mademoiselle, donc.
Depuis la claque Stoker il y a 3 ans déjà, et un passage réussi par les États-Unis, Park revient enfin avec un nouveau film. De retour en Corée, il nous propose une exploration symbolique des relations compliquées qu'entretient son pays avec le Japon.
Au travers de deux protagonistes féminins, antagonistes ambivalentes, il dresse un portrait sombre et acide d'un passif tendu, marqué par une période d'occupation qu'il rapproche lui-même directement des griefs durables qui ont persisté en France suite aux deux guerres avec l'Allemagne.
Une sorte d'allegorie, sulfureuse et personnelle.
Loin d'être un prétexte, cette toile de fond offre en effet un décor parfait à un drame on ne peut plus humain, où Hitchcock côtoie Sade dans un délice narratif tant que visuel.
Sans atteindre la perfection graphique et plastique que j'avais trouvée dans Stoker, Mademoiselle joue en effet sur des teintes bien moins colorées mais néanmoins sublimes, et la noirceur de l'intrigue ne le cède qu'à la chaleur des corps.
La musique est envoûtante, les actrices électriques et vibrantes, ce huis-clos confirme de manière magistrale tout le bien que je pense de Park Chan-Wook, notamment après avoir découvert l'excellent JSA - Joint Security Area mardi soir, et avant de voir enfin Old Boy et Lady Vengeance aujourd'hui.
Je mesure la chance de contempler tous ces petits bijoux sur grand écran, et en savoure chaque instant.
Mademoiselle n'est pas pour tous les yeux, c'est entendu, et si comme moi vous avez boudé La vie d'Adèle et autres Love (de Noé), peut-être trouverez-vous ici à l'instar de votre serviteur que parfois la sexualité peut servir la narration tout aussi bien que la violence, quand elles ne sont pas gratuites.
C'est un schéma qui était d'ailleurs déjà présent dans Stoker, avec le même succès en ce qui me concerne.
On ne peut que se féliciter de savoir l'engouement que le film a suscité dans son pays d'origine, malgré des thématiques difficiles et un positionnement audacieux (ainsi qu'une interdiction aux moins de 18 ans, au grand regret de son cinéaste), et j'espère du fond du cœur qu'il trouvera son public en France.