Difficile de rester au sommet lorsqu'on l'a tutoyé dès son premier film. Stéphane Brizé n'échappe hélas pas à la règle, et cette "Mademoiselle Chambon" apparaît en définitive bien loin de son superbe "Je ne suis pas là pour être aimé." Cela dit, ne soyons pas mauvaise langue pour autant, car l'oeuvre est loin de démériter pour autant. On appréciera d'ailleurs beaucoup ce ton calme et posé, laissant souvent place à une musique très convaincante et permettant de mettre en avant des personnages à fleur de peau globalement réussis. Hélas, dès que l'on s'éloigne ne serait-ce qu'un peu des rapports entre les deux principaux protagonistes, le charme s'estompe beaucoup, laissant même place parfois à un ennui certes poli, mais bel et bien présent. Nul doute que Stéphane Brizée souhaitait nous faire sentir cette distanciation par rapport à la pureté du rapport entre Jean et Véronique Chambon, mais cela est au final assez peu convaincant. Ce qui l'est beaucoup plus, c'est donc cette relation entre Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain (tous deux assez irréprochables dans la sobriété), et qui réussit à nous toucher de manière juste et simple, que ce soit par ses petits détails de la vie que la manière dont ils sont liés, ni par une quelconque passion culturelle commune (à la vague exception de la musique) ou parce qu'appartenant à un même milieu. Non, nous sommes ici dans l'amour pur et vrai, sans que l'on puisse vraiment l'expliquer mais qui est pourtant bel et bien là, et ce jusqu'à ce final certes un peu prévisible mais ô combien efficace et filmé avec beaucoup de sensibilité par son réalisateur... Pas de chef-d’œuvre en vue, donc, ni même d'indispensable de l'année 2009, mais tout de même une belle histoire d'amour, crédible et surtout assez touchante. Plutôt appréciable, donc.