Le cœur à ses raisons que la raison ne connaît point...

Le Marquis des Arcis, libertin impénitent, poursuit de ses assiduités Madame de la Pommeraye, jeune veuve qui vit retirée de la cour en son domaine sylvestre. Cette dernière, voyant en lui un ami la distrayant de son bel esprit, ne compte guère céder à ses avances, fussent-elles tournées de façon charmante. Nonobstant, ledit marquis possède le fâcheux travers d'abandonner ses conquêtes une fois le siège arrivé à son terme. Madame de la Pommeraye est en outre conseillée par sa meilleure amie qui lui réitère des conseils de prudence qu'elle entend fort bien.
Las ! "Le cœur à ses raisons que la raison ne connaît point" dit le penseur.


Maître en poliorcétique du cœur, le marquis emporte finalement de haute lutte les sentiments de son amie. Leur idylle durera autant de temps qu'il aura fallu au séducteur impénitent pour la convaincre de sa sincérité. Madame de la Pommeraye n'entend pas se laisser bafouer ainsi et va ourdir une vengeance implacable dont le libertin va faire les frais.


Servi par des actrices et acteur impeccables dans des costumes d'époque qui enracinent leurs prestations au cœur de ce XVIIIème siècle, ce film est l'illustration de la force des sentiments et de ce qu'ils peuvent inspirer aux créatures de chair et de sang : fascination, dévotion, ambivalence, dépit, haine, manipulation, vengeance... Cécile de France, toute en retenue, révèle ainsi les subtiles et nombreuses facettes de cette femme bafouée. Edouard Baer, avec sa gouaille mâtinée de distinction verbale de bon aloi, se montre tour à tour, empressé, joyeux, moribond et finalement plutôt philosophe. Alice Isaaz, créature marmoréenne incarnant l’innocence, est livrée en pâture à l'appétit libertin de ce satyre aristocrate aux beaux atours.
Tout se joue dans les relations et les conversations entre personnages. Ici, point de démonstration fracassantes et de scènes d'action débridées. Dans un décor minimaliste (quelques pièces de châteaux et extérieurs forestiers), chaque actrice et acteur se livre à ce jeu de séduction et de rouerie bien connu. La question de la place de la femme est posée ainsi que celle du statut qu'elle occupe dans cette société, propos qui trouvent encore un écho contemporain.


Si Mademoiselle de Joncquières ne brille pas par l'originalité de son sujet, il offre au spectateur une composition singulière qu'il serait bien dommage de bouder.

Apostille
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le 15 sept. 2018

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