Cooper se prend les pieds dans le tapis

En 2018, Bradley Cooper choisi de passer derrière la caméra (tout en se mettant lui-même en scène) pour nous sortir A Star is Born, quatrième remake d’une histoire que l’on ne présente plus. Après le succès critique et financier du film, tout le monde était curieux de découvrir le prochain projet avec Cooper aux commandes. C’est la vie du célèbre créateur de West Side Story, Leonard Bernstein, que lui et Netflix ont décidé de nous raconter.

Maestro est divisé en deux parties, la première partie du film -en noir et blanc- se consacre à la montée en reconnaissance du compositeur et à sa rencontre avec sa future femme, l’actrice Felicia Montealegre. Autant le dire tout de suite, c’est un début assez ennuyeux. Cooper se désintéresse totalement du fond, il ne nous donne aucune matière pour que l’on puisse s’attacher un minimum aux deux principaux protagonistes. Leur vie et leur relation nous est racontée à travers des dialogues pour la plupart stériles entre d'innombrables poses clopes, une base très faible. L’histoire m'a parût tellement vide que j’ai arrêté le film plusieurs fois avant de le reprendre à zéro une semaine plus tard. Dans cette partie, le réalisateur mise tout sur la forme, mais est-ce au moins réussi de ce côté-là ? Et bien c'est plutôt mitigé : malgré quelques beaux plans et le noir et blanc qui apporte un petit charme, nous sommes en pleine surenchère cinématographique. La mise en scène nous laisse en effet l’impression d’un film qui essaye de cocher toutes les cases d’un cahier des charges visant à récolter des nominations aux Oscars, tout semble artificiel (on voit ça particulièrement avec le montage) et manque de sincérité.

La seconde partie du film est quant à elle plus intéressante que la première mais l’ellipse est difficile à digérer. Dès le début, nous savions que la bisexualité du compositeur et sa relation avec sa femme allait être le cœur l’intrigue, mais il demeure regrettable que ce qui a fait le succès de Bernstein soit évoqué de manière aussi anecdotique. Surtout que les protagonistes ne sont pas aussi développés qu’on pourrait l’espérer. Oui, le réalisateur s’y intéresse largement plus qu’au début du long-métrage mais il ne fait que gratter la surface avec un récit présentant un schéma des plus classiques. Finalement, on se retrouve avec un film qui ne parles certes pas de la carrière de Berstein puisque ce n'est pas le sujet (le regard du compositeur sur sa carrière est parfois évoqué, il ne s’agit cependant que de parenthèses) mais qui ne fait qu’effleurer sa vie personnelle. Du coup que reste-t-il ? Quelques moments mignons, deux très bons acteurs bien habillés et d’excellents maquillages pour les vieillir. Bradley est comme toujours au top et Carey Mulligan formidable. Dans un dernier acte, l’actrice se démène pour nous toucher, ce qui ne sauvera pas la fadeur de l’histoire.

Ce n'était peut être pas facile de passer après Tár de Todd Field mais Maestro reste une déception, un film moyen qui, malgré une mise en scène voulant à tout prix plaire, de bonnes prestations et un sujet portant sur l'amour, manque de cœur (ce qui n'était pas le cas pour A Star is Born). Je ne cache pas ma frustration quand je vois Maestro se faire encenser par la presse américaine quand ces mêmes critiques avaient démonté Babylon quasiment un an jour pour jour avant la sortie du film de Cooper.