Depuis le succès critique et populaire de Frances Ha qu’elle a co-écrit avec Noah Baumbach, Greta Gerwig est devenue l’égérie d’un cinéma new-yorkais branché et indépendant dont le style égocentré a (trop) vite été comparé à celui d’un certain Woody Allen, sous la direction duquel elle a notamment joué l’oubliable To Rome with love. Il faut dire que cette grande gigue à l’allure atypique essaime un charme gauche indéfinissable qui se reflète dans beaucoup de ses œuvres et personnages. « Il se dégage un petit air idiot de toi que je ne peux m’empêcher d’aimer » lui tient à peu de choses près sa rivale. Car Maggie est une cruche plutôt fêlée capable de tenir une conversation sur l’anthropologie fictocritique tout en se prenant les pieds dans le tapis. Dans le ménage à trois qu’elle forme avec un pantin apathique – Ethan Hawke malmené – et une mante scandinave – la dévorante Julianne Moore –, l’héroïne plaît autant qu’elle agace. Décidée, passionnée ou au bord de la rupture, son ton reste identique, comme si la blonde avalait les aléas tristes et heureux de son existence avec un même appétit. Ce monde où s’agitent de grands gamins moins adultes que leurs propres enfants s’avère finalement assez monotone. Un repas certes sympathique, mais sans grande saveur et qui sent le réchauffé. Ne serait-il pas temps pour Greta Gerwig et les cinéastes qu’elle inspire d’avoir un plan B et de voir plus loin et plus grand que le bout de son nombril ?
(Critique complète sur cinefilik.wordpress.com)