L'histoire de Magnificat est très originale, ce qui n'est pas si souvent le cas dans notre cher cinéma français. Ce n'est pas La femme du prêtre de Dino Risi mais bel et bien le prêtre était une femme, ce qui suscite un certain tumulte au sein de l’Église. Le sujet était celui du roman, qui a servi de base au film, mais cette intrigue a été renforcée par une autre, plus classique, sans doute, mais qui rejaillit avec une certaine force sur la psychologie du personnage principal, chancelière diocésaine, un métier que l'on découvre pour l'occasion. L'intelligence de l'écriture de Magnificat se caractérise non seulement par le rythme et les surprises de son scénario mais aussi par l'habile équilibre obtenu entre la comédie (François Berléand, égal à lui-même, est de la partie) et le ton sérieux avec lequel est abordé le thème de l'exclusion des femmes à l'ordination, dans l’Église catholique romaine. Non que le film fasse acte militant mais la manière dont il aborde la question, en montrant l'absurdité de cette position dogmatique, ne manque de piquant. Dans ce premier long-métrage pour le cinéma de Virginie Sauveur (au nom prédestiné), Karin Viard, débarrassée de quelques uns de ses tics d'actrice, subjugue littéralement, comme touchée par la grâce. Il serait vraiment dommage que Magnificat passe sous les radars, tellement le film se révèle inspiré, romanesque et source de multiples débats, que l'on soit croyant ou non, peu importe.