Il y a des réalisateurs très énervants, soit par leur fanbase (Nolan, Tarantino, Burton, Fincher, Dolan, la liste est longue), soit par leur attitude (Nolan, Refn, Dolan, la liste est longue aussi). Et puis il y a Paul Thomas Anderson, et c’est insupportable. PTA, c’est ce gosse infernal qui a toujours la note maximale sans travailler, ce type qu’on jalouse tellement le talent semble être une seconde nature pour lui, celui qui nous rappelle qu’il ne sert à rien de faire des films, puisqu’il est de toute façon plus fort que nous. Et l’exemple typique, c’est Magnolia. Dès l’intro, le ton est posé : tout va à 100 à l’heure, il y a une idée par plan, le montage est au cordeau, l’écriture c’est pareil, et la musique est divine. Alors c’est frustrant. Mais ce qui est encore plus frustrant, c’est que cette perfection se maintient pendant les TROIS HEURES que dure le film. Tout est parfait dans Magnolia, entre Tom Cruise le gourou misogyne, John C Reilly le flic amoureux, ou PSH l’infirmier maniéré. Magnolia, c’est mettre les petits plats dans les grands, faire du grandiose avec du banal, et trouver l’émotion dans chaque petite situation. Et puis, il faut penser aux grands moments de film choral, comme cette énorme séquence de jeu télévisé, qui est plus qu’un artifice de mise en scène puisque PTA parvient à la maintenir pendant plusieurs dizaines de minutes sans jamais perdre le rythme. On a là un film hallucinant de réussite, parfait dans tout ce qu’il entreprend. Et cela me confirme ce que je craignais. Je déteste Paul Thomas Anderson, il est trop fort pour moi.