Magnolia est un film de bave. De larmes, de morve, de gens qui reniflent bruyamment, postillonnent de douleur ou de colère, qui grognent, qui crient ; mais c'est avant tout un film de bave.


Si j'aime pourtant, de tout cœur même, les larmes - je ne me suis jamais remis des premières larmes d'Inland Empire, j'ai du mal à les essuyer tant je trouve les larmes jolies, ou douces, selon le point de vue - mais figurez vous que je déteste la bave, les visages couverts d'un film humide, poisseux, goûtant lentement des visages tordus, tout ça, ça me dégoûte un peu. Autant le côté délicat, fin, presque ciselé des larmes, c'est chouette, cinématographique jusque dans la réalité, autant là, ça ne m'évoque que crapauds, grenouilles (sic) et marais putrides.


Tu me diras, c'est fait exprès ; si t'as bien suivi le film, ces personnages ne sont que marécages, terres en friches et coeurs en ruine, ce ne sont même pas vraiment des personnages, ce sont des bouts de dépression sans histoire qu'on nous traîne lamentablement devant les yeux. Ils ne sont que les confessions pitoyable d'un malheur qui ne me touche pas - du tout !


Et puis, ça dure trois heures, avec la rousse qui crie, la blonde qui bégaye, le moustachu écrabouillé, le golden-macho qui cache un secret, le vieux qui meurt en grognant et le vieux qui meurt aussi mais plus lentement en râlant mollement, le gamin qui fait pipi (quand j'vous dis que c'est un film de fluides dégueulasses ; j'en viens à regretter le gentil pipi-caca-crotte-de-nez d'Eric et Ramzy !), et quand ils ne pleurent, bavent, crachent pas à me rendre ôdieux jusqu'à leur visage ils se mettent à parler. Quelle horreur.


C'est pareil, j'aurais pu aimer, j'aime bien les grands monologues du théatre antique, j'aime bien quand le héros, seul, s'exprime enfin, comme un lever de soleil, ou comme une explosion, entre Aguirre et la Maman et la Putain...
Ici, aucune grandeur, aucune apothéose. Juste de longs discours dépressifs, amers, regrets et dépits, "Oh my god, what have I done ? God, what am I doing ? God, why ? Je voudrais qu'ils explosent, d'un coup, une surprise à la Kaboom, que le petit black rappeur bidon appuie sur un bouton rouge et mette enfin fin au carnage.


Quel calvaire, quel cauchemar.
Et pourtant, quelles merveilleuses premières minutes.
(Après n'avoir pas apprécié Inherent Vice, n'était ce pas idiot d'en regarder un autre ?)

JZD
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le 22 mars 2015

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J. Z. D.

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