Maigret, épilogue

Film à l'ambiance crépusculaire dans lequel Patrice Leconte met en scène un Maigret en bout de course, qui semble avoir perdu le gout de la vie en même temps que le souffle. Cela convient parfaitement à un Depardieu qui ne peut de toute façon plus dire une réplique sans devoir ensuite reprendre sa respiration. Un des rares rôles récents dans lequel le comédien vieillissant, bedonnant (et malaisant) est encore crédible.

Leconte a toujours été fasciné par la fragilité et le charme des jeunes filles, et par la représentation d'un désir rarement assouvi (Monsieur Hire, la Veuve de St-Pierre, Le parfum d'Yvonne, entre autres). C'est encore une fois le cas ici, sauf que de désir, a priori, il n'y en a point, puisque c'est une affection toute paternelle qu'exprime le commissaire, envers la victime tout d'abord puis pour l'autre jeune fille qu'il rencontrera sur sa route (évidemment ce que l'on sait et ce que l'on apprend du comportement sexiste de l'interprète complique l'empathie au personnage). Quoi qu'il en soit Leconte raconte avec justesse ce personnage de policier fatigué qui ne sait plus exprimer de tendresse, Il faut reconnaître ainsi qu'on est plus intéressé par ce qu'il se joue entre lui et sa femme, lui et ses vieux collègues, que par l'enquête en elle-même, quand bien même l'objet de celle-ci, le meurtre d'une jeune fille, le renvoie à ses propres blessures intimes. Situation peu originale mais qui se suit sans déplaisir le temps de ce film, court, d'1h25. Il n'en fallait pas plus.